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Décembre 2014 : le céleri des rochers

samedi 29 novembre 2014, par Léon

Le «  céleri des rochers »

Cette plante aujourd’hui éminemment culinaire était presque uniquement connue dans l’Antiquité comme espèce médicinale. Les anciens Grecs l’appelaient petroselinon, littéralement céleri des rochers, dont dérive le nom petrosinu en latin populaire.

Elle nous est connue depuis le XIIIe siècle sous le nom de PERSIL.
La confusion s’explique par le fait qu’à l’époque, on croyait que le céleri et le persil constituaient deux variantes d’une même plante. Pour les distinguer, on les désignait par leur habitat naturel, les marais pour le céleri, les terrains rocheux pour le persil.
John Hill (1702-1775), apothicaire, médecin, botaniste et écrivain, l’affubla du nom savant de Petroselinum, étymologiquement du grec petra ou petros, pierre, en raison de son habitat, et de selinon, anémone ou ache, en allusion aux feuilles.

Faisant partie de la famille des Apiacées (anciennement ombellifères), comme le céleri d’ailleurs, le persil viendrait du bassin méditerranéen et des régions avoisinantes où il serait consommé depuis 5.000 ans.
Chez les Grecs il était extrêmement apprécié, au point où on l’utilisait pour réaliser des couronnes pour les morts, ou pour honorer les vainqueurs des jeux isthmiques (organisés à l’isthme de Corinthe) de chapelets faits de ses feuilles. Dans l’Odyssée il sert de parure à l’île de la nymphe Calypso.

En Europe, ce n’est qu’au Moyen Age qu’on cultive le persil dans les couvents, d’abord comme plante médicinale, pour passer par la suite en cuisine. Afin d’éviter la possible confusion avec le faux persil ou petite ciguë (Aethusa cynapium), très ressemblant et extrêmement toxique, la variété frisée a été créée.
A l’époque, on craignait le persil, il passait pour porter malheur. En partie du fait de la longue durée de levée des graines, ne dit-on pas qu’il rencontrerait sept fois le diable avant de lever !

La culture du persil (Petroselinum crispum)

Il est vrai que semer du persil n’est pas si simple et exempt de souci, même si dans l’ensemble on considère sa culture comme assez facile.
- Utilisez des graines de l’année précédente, le pouvoir germinatif admis généralement de 2-3 ans raccourcit très sérieusement en cas de stockage inadéquat.
- Pour mettre le maximum de chances de son côté, il est fortement conseillé de faire tremper les graines une nuit dans de l’eau tiède en la changeant plusieurs fois. Certains préconisent d’ajouter à l’eau un peu de savon liquide, mais un sérieux rinçage s’impose alors.
- Laisser sécher, mais pas trop, et les semer dans une terre légère, fraîche et riche en humus, pH 6-6,5, à partir de février-mars.
Faut-il semer en ligne ou à la volée ? les deux méthodes ont leurs avantages, la première : entretien et désherbage plus facile, la seconde se justifie surtout dans un petit jardin, elle permet une plus grande densité de plantes à surface égale.
- Comme tout semis, ne laissez pas les graines dessécher, arrosez régulièrement. Une bonne solution : recouvrez les semis précoces d’une légère toile de forçage, elle assure une bonne protection contre les gelées moyennes et garde le sol plus humide.

Bien installé, le persil, peu fragile, se développe rapidement sur sol humide, mais craint quelque peu un milieu trempé. L’exposition à mi-ombre est préférable dans nos régions chaudes, même s’il supporte le soleil, à condition d’être arrosé en période sèche.
Plante bisannuelle, la première année elle ne développe pas de tiges florales, elles n’apparaissent qu’en seconde année de culture. A moins de prévoir une récolte de graines, coupez les inflorescences afin de prolonger la cueillette des feuilles. Ces dernières, comme les tiges, peuvent devenir coriaces, rabattez dans ce cas la plante, la repousse vous procurera des tiges et des feuilles plus fines.
Sauf grand froid en hiver, le persil survit facilement dans nos régions.

Si le persil frisé est le plus connu et cultivé, mentionnons tout de même le persil commun ou persil simple dont les feuilles sont plates et peu découpées. Il est nettement plus parfumé et mériterait une meilleure destinée.

Le persil en pot ou en jardinière

Aujourd’hui on trouve facilement de belles plantes en pot, ce qui évite la corvée du semis. L’alternative est heureuse : elle permet de les cultiver sur le balcon ou sur le rebord de la fenêtre, mais également de les transplanter directement au jardin.
On parle de plus en plus de jardiniers fainéants, alors pourquoi se compliquer l’existence ? Une ou deux potées suffisent généralement à une petite famille.

A côté du persil frisé, on cultive une variété tubéreuse appelée persil racine ou persil de Hambourg. Longue de 15-20 cm, de couleur blanc-crème, le goût très fin de cette racine rappelle celui du céleri rave ou du panais. Il est consommé surtout dans l’est de l’Europe, alors qu’en France il est peu connu.

Les bienfaits du persil

Ils sont nombreux. Son odeur caractéristique le destinant en premier lieu comme plante aromatique, il ne faut quand même pas oublier ses propriétés sur le plan santé, reconnues depuis longtemps.
De la racine à la graine, la plante est diurétique (augmente la sécrétion urinaire), apéritive, elle prévient l’anémie, combat l’arthrite, purifie le sang, soulage l’indigestion et améliore la mauvaise haleine.
Elle nous gratifie de vitamine C, A, B9 et E, manganèse, carotène, fer, calcium, elle ferait même disparaître les taches de rousseur et calmerait la douleur des piqûres d’insectes.
Le principe actif concentré surtout dans les graines est appelé apiol, substance que l’on retrouve également dans l’aneth et le fenouil.

Expressions « persillées »

Quelques locutions populaires ou argotiques se rapportant à notre plante du mois méritent d’être citées, même si elles ne reflètent guère une image flatteuse. Et si certaines penchent parfois vers la satire, qu’importe, cela ne ternit en rien la bonne opinion que notre bon végétal nous inspire.
Ainsi grêler sur le persil, c’est exercer son autorité, ses talents, sa critique sur des gens faibles, ou des choses sans importance.
Friser comme du persil se rapporte aux cheveux crépus pas toujours bien peignés, alors que avoir du persil dans les oreilles c’est carrément être sale.
Par contre avoir du persil c’est être piquant, relevé, amusant, mais faire son persil signifie se promener avec ostentation pour se faire remarquer, pour séduire ou encore dans la même veine faucher le persil c’est se promener sur les trottoirs les plus fréquentés.
Alors ne confondons pas ! Aller au persil, faire son persil pour certaines demoiselles, ce n’est pas vraiment direction jardin, c’est plutôt côté rue, trottoir donc, chacun son occupation...

Relevons pour finir que moutons et lapins raffolent de cette bénéfique bisannuelle, elle stimule leur libido.
Et les hommes ? paraît que oui ; mais de là à aller au persil… et puis dans la symbolique des plantes le persil personnifie la réjouissance ; en définitive, quel plaisir !

Léon

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