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Novembre 2014 : la « rose puante »

mercredi 29 octobre 2014, par Léon

La « rose puante »
Quel affront pour la reine des fleurs. Elle qui passe pour nous enivrer de son suave parfum, puerait !
Rassurez-vous, ce n’est pas de la fleur du rosier dont nous allons parler, mais d’une plante qui est au moins aussi connue. Il s’agit plutôt d’un légume qui peut, sans encombre, passer pour une reine dans le sens de première, de dominante, de fondamentale.
Vous trouverez, en effet, difficilement un végétal comestible, si largement utilisé et grandement apprécié en cuisine, surtout dans les régions méridionales, qui dégage une odeur à faire fuir le diable lui-même, même si on l‘appelle parfois empreinte du pied gauche de Satan. Vampires et autres sorcières le craindraient également.
Maintenant si je vous dis qu’on le connaît aussi sous le nom de chapon, lay, perdrix, thériaque des pauvres, thériaque des paysans serez-vous plus avancé ?
Peut-être pas.
En définitive, donnez-vous votre langue au chat ?

Ce légume employé comme condiment nous vient d’Asie centrale où on le connaît depuis quelque 5000 ans, il s’appelle tout simplement... ail cultivé, ail blanc, ail commun ou encore ail de cuisine, Allium sativum en latin.

Dès les temps préhistoriques, il s’est répandu en Europe où il est devenu un condiment d’usage universel, malgré l’aversion de certaines personnes. Les Grecs et les Romains le faisaient ingurgiter aux combattants pour les fortifier et lui accordaient même des propriétés aphrodisiaques. Il était également utilisé contre les morsures de serpent ou la peste au Moyen Age.

Les propriétés médicinales de l’ail, incontestables et extrêmement multiples, reconnues depuis l’Antiquité, ont largement été confirmées par de récentes recherches.
On le dit antiseptique, anti-tumeurs, anti-cholestérol, antioxydant, antiallergique, anti-inflammatoire, actif contre cancers, bactéries, virus ou autres parasites.
Il passe pour l’aliment des centenaires lorsqu’il est associé à d’autres plantes tels spiruline, ginseng ou ginkgo, protégeant le coeur, régulant la tension artérielle et la circulation sanguine, il favorise une bonne digestion, lutte contre la constipation ou nettoie l’intestin. Son huile essentielle contient de nombreux antibiotiques naturels.
Au vu de toutes ces prodigieuses caractéristiques, on est tenté d’estimer que notre ail constitue une des sources de jouvence à la recherche de laquelle l’humanité n’a de cesse de tendre.

Petits bémols
Mais comme rien n’est absolument parfait sur cette terre, il existe quelques petits désagréments que la nature a jugé bon de glisser dans cet édénique tableau.
Tout d’abord la satanique odeur de l’haleine de celui ou celle qui a tant soit peu abusé du produit frais. Des remèdes existent cependant : la mastication de grains de café, de persil ou de menthe par exemple vous rendent facilement un souffle plus conforme à la normale.
Par contre, l’absorption en grande quantité de gousses fraîches peut entraîner des brûlures d’estomac, des irritations des voies urinaires, ou modifier le glucose sanguin, diabétiques attention. Pas plus de deux gousses fraîches par jour.
Quant aux femmes qui allaitent, elles devraient se méfier, car il peut modifier le goût du lait maternel.

Culture de l’ail
Cette alliacée aime les sols légers et profonds, riches en éléments nutritifs anciens et bien drainés.
Les semences sont enfouies à 3-5 cm de profondeur, les plants espacés de 10-15 cm et les lignes espacées de 25-30 cm. Les bulbes d’ail pourrissent dans les sols lourds et glaiseux, surtout s’ils restent humides.
Ne pas utiliser de fumiers frais, cela les fait pourrir.
Ne jamais rechausser les bulbes d’ail, la surface du bulbe doit se trouver à l’air.
Utiliser les parties extérieures pour la plantation et le centre pour la consommation.
On plante à partir de mai, mais dans nos régions la plantation peut se faire jusqu’en automne dans un sol bien drainant en hiver. Les plantations automnales donnent de meilleures récoltes.
A la fin de l’été, « nouer » le feuillage (le coucher sur le sol) afin de faire mûrir les bulbes et augmenter la récolte. Les gousses du commerce alimentaire sont souvent traitées aux anti-germinatifs et ne peuvent donc pas servir à la plantation.

A côté de la plante alimentaire, aromatique et médicinale, n’oublions pas l’ail ornemental. On le rencontre de plus en plus souvent, et à juste titre, dans les parcs ou les espaces verts des communes fleuries, mais on peut aussi le planter avec succès dans des bacs ou de grandes jardinières.
Mises en terre en automne, ces bulbeuses spectaculaires par leurs grandes fleurs globuleuses apparaissent au printemps. Les fleurs fanées peuvent s’utiliser ensuite dans des bouquets secs.
Plus de 700 cultivars existent aujourd’hui, vous en trouvez des blancs, des jaunes, des roses, des bleus et des violets pour former de spectaculaires massifs surplombant de leur taille de 25 à 140 cm les plantes annuelles plus petites.

Autour de l’ail
Dans le calendrier républicain, le 27e jour du mois de Messidor est dénommé jour de l’Ail.
Le mot chandail (abréviation de marchand d’ail) désignait un tricot fabriqué à Amiens et porté par les ouvriers des halles parisiennes, notamment les marchands d’ail.
Quant à la marchande d’ail, ce n’est pas forcément une personne qui vous vend le bulbe en question, loin de là, puisque cette expression argotique désigne une femme soupçonnée d’homosexualité.

Vous voyez qu’il y en a pour tous les goûts, quand on évoque la « rose puante », mais l’ail a-t-il vraiment mérité une appellation aussi dégradante ?
Un bon aïoli, c’est quand même délicieux, bon appétit !

Léon

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