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Février 2014 : Allium

jeudi 30 janvier 2014, par Jean-Marc

Parmi les nombreuses et originales espèces du genre Allium, on en distingue plus de 700, on trouve « Allium scorodoprasum » ou Rocambole. Sous cette appellation se cache l’ancêtre de notre ail, qui a comme synonymes ail d’Espagne, échalote d’Espagne, ail perpétuel, ail des paresseux.

Attention à ne pas confondre le Rocambole avec Carambole « Allium ampeloprasum » qui lui est l’ancêtre du poireau et que l’on nomme aussi ail faux poireau, carambole, poireau d’été, poireau perpétuel ou bien encore avec « Allium cepa v proliférum » variété d’oignon appelée oignon rocambole ou oignon grelots et dont le mode de reproduction a des analogies avec notre Rocambole en produisant de petits oignons sur sa hampe florale.

Le terme de Rocambole viendrait du latin « rotica » qui signifie tourner et « bolle » qui désigne le bulbe, décrivant ainsi le tour sur elle-même que fait la tige avant de reprendre son ascension et porter à son extrémité à la fois des fleurs et des bulbilles d’ail.

Le Rocambole est originaire d’Eurasie mais peut pousser spontanément dans toute l’Europe et jusqu’à plus de 1000 m en montagne. En France on le rencontre essentiellement dans les départements méditerranéens ainsi que dans le nord-est.
Il s’agit d’une plante vivace qui à partir d’une gousse ou caïeu va développer une tige dure d’environ 80 cm entourée de feuilles longues et engainantes jusqu’à mi-hauteur. Cette tige porte au sommet de petites fleurs de couleur rosée regroupées en une ombelle.
Ces fleurs bien que mellifères sont stériles et, c’est là l’originalité du Rocambole par rapport à l’ail commun, sont mêlées de nombreuses petites bulbilles rougeâtres qui sont autant de petits aulx prêts à être consommés ou à perpétuer l’espèce. Pour cette dernière fonction il faut attendre la fin de l’été que l’ombelle soit desséchée pour stocker les bulbilles avant quelles ne tombent au sol, de manière à pouvoir les semer en février de l’année suivante.

Comme l’ail, le Rocambole produit aussi dans la terre, autour du bulbe des gousses ou caïeux qui sont un peu moins gros cependant. Ils sont de couleur jaunâtre, s’épluchent plus facilement et ont un goût un peu moins fort. Ils se cultivent aussi de la même manière en les mettant en terre, de préférence à l’automne mais on peut aussi le faire en février, en lignes espacées de 25 cm et à 15 cm sur le rang, les gousses enfoncées à 3 cm dans le sol.
Pour ceux qui auraient la chance d’avoir des bulbilles, elles seront semées en février, en rangs plus serrés espacés de 10 cm, à 3 cm sur le rang et recouvertes de 1 cm de terre. Elles ne donneront à la fin de l’été qu’un seul gros caïeu qui pourra être consommé ou replanté l’hiver suivant.

Laissé en place, le Rocambole à la faculté de repartir chaque année de ses caïeux en formant une touffe et en se semant naturellement tout seul un peu plus loin par ses bulbilles, ce qui lui vaut son appellation d’ail perpétuel.
Cette plante convient donc très bien aux jardins d’amateurs en ne cultivant que quelques pieds, en banquette voire en pots, pour disposer d’ail frais dès le printemps avec les bulbilles.
Elle mérite aussi une place pour son aspect esthétique et très rustique, ne nécessitant pas de soins particuliers. Le Rocambole connaît les mêmes maladies et parasites que l’ail classique (mildiou, rouille, teignes et nématodes) mais y est cependant beaucoup plus résistant surtout s’il est planté en terre légère et sans fumure organique fraîche. Ses plantes compagnes sont les bettes, carottes, concombres, céleris, fraises et laitues et les néfastes toutes les variétés de choux, les fèves, haricots, pois, poivrons, poireaux, pommes de terre.

Bien que l’on ne dispose pas d’écrits sur l’ancienneté de sa culture, celle-ci se pratiquait depuis fort longtemps, car le Rocambole était cultivé sous les Pharaons (d’où l’un des ses synonymes d’oignon d’Egypte) et utilisé par les constructeurs de pyramides pour ses vertus bactéricides et antiseptiques procurées par les composés sulfurés lorsqu’il est consommé cru. On trouve sa trace en France au début du 17e siècle avec Jean de la Quintinie qui le cultivait dans le potager royal de Louis XIV. Très cultivé ensuite jusqu’au 19e siècle, il cèdera peu à peu la place aux variétés actuelles, plus productives et de meilleures conservations.

Riche en polyphénols, l’ail en général, a aussi des vertus dépuratives en éliminant les toxines et en purifiant le sang avec la célèbre recette de « l’aïgo- bouïda ».

Avec le Rocambole le plus difficile est d’en trouver à planter mais j’ai déniché une pépinière bio qui en commercialise par internet, ainsi que d’autres Alliacées et plantes médiévales. Il s’agit de la pépinière Aromantique située dans la Drôme.

- Enfin terminons par une touche d’humour avec ce dicton « L’ail est à la santé ce que le parfum est à la rose »

Jean-Marc

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