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Janvier 2014 : les lauriers

samedi 28 décembre 2013, par Jean-Marc

Des nombreuses plantes qui portent le nom commun de laurier, seul le laurier noble ou laurier sauce appartient à la famille des Lauracées. Toutes les autres appellations, souvent confondues avec le laurier noble par la ressemblance de leurs feuilles, sont issues d’espèces et de familles fort différentes et sont à des titres et des degrés divers toxiques.
Nous verrons dans cet article les plus courantes d’entre elles mais commençons par le seul laurier qui peut être consommé.

Originaire du Midi de la France, Laurus nobilis est un arbre très commun dans le département (il peut atteindre 10 à 12 m de haut). On le désigne aussi sous les synonymes de laurier d’Apollon, laurier des poètes et plus prosaïquement laurier sauce.
On l’emploie surtout comme plante condimentaire avec ses feuilles qui servent à parfumer les court bouillons et les ragouts.

Mais ses fruits ont été utilisés aussi depuis l’antiquité pour la fabrication du savon d’Alep. Il s’agit des petites baies noirâtres qui sont portées par les seuls pieds femelles (les pieds mâles fleurissent aussi mais ne font pas de fruits) et dont la pulpe est de couleur verte et de texture très grasse.
Ces baies renferment environ le quart de leur poids d’une huile qui sert aussi à combattre les rhumatismes. Par leur couleur et leur chair, ces baies font penser à de minuscules avocats, non sans raison d’ailleurs car l’avocatier, arbuste tropical, appartient à la même famille que le laurier noble.

Le laurier d’Apollon avec un pareil synonyme est forcément un arbre mythologique, symbole de la paix et de l’immortalité. Ainsi par la coutume il a traversé les âges et se retrouve être à l’origine du nom qui couronne aujourd’hui les études secondaires. En effet, au Moyen Age, celui qui réussissait ses examens était appelé « lauréat » car il recevait une couronne de feuilles de laurier orné de ses baies, littéralement « bacca lauréat » que le français n’a eu qu’à réunifier en baccalauréat.

Passons maintenant en revue les arbustes ornementaux toxiques aux noms voisins du laurier noble mais qui sont couramment plantés dans nos jardins.

En premier, le plus connu de tous le laurier rose (Nerium oleander) de la famille des Apocynacées.
Toutes les parties de la plante sont toxiques, si ingérées, car elles contiennent des hétérosides cardiotoxiques (il s’agit d’un poison pour le cœur). Parmi les cas d’empoisonnements, nombreux sont ceux d’entre vous qui ont entendu parler de l’histoire de ces deux soldats qui étaient morts pour avoir fait cuire sur un feu de bois leurs brochettes de viande enfilées sur des tiges de laurier rose qui avaient eu le temps, pendant la cuisson, de transmettre le poison à la viande.
A noter que la dessiccation n’amoindrit pas la toxicité de la plante.

Le laurier cerise, synonyme laurier amande (Prunus laurocerasus) appartient lui à la famille des Rosacées.
Originaire des Balkans, cette plante fut importée comme plante d’ornement. Ses feuilles coriaces et luisantes dégagent au froissement une forte odeur d’amande amère.
Au 18e siècle, on utilisait ses feuilles pour parfumer le lait, les crèmes et les desserts. Suite à plusieurs accidents ayant coûté la vie à de jeunes enfants on finit par s’apercevoir que ces feuilles contenaient de l’acide cyanhydrique et on en abandonna vite cet usage. Les fruits du laurier cerise eux sont inoffensifs mais sans saveur.

Le laurier des bois (Daphne laureola) famille des Thymélacées, synonymes laurier épurge ou laurier purgatif.
C’est un arbrisseau toujours vert qui pousse à l’état sauvage et a le port du rhododendron et la feuille du laurier. Les fleurs sont regroupées en petites grappes retombantes qui donnent de petits fruits noirs à maturité.
Cette plante renferme une substance résineuse toxique, la mezéréine, qui provoque vomissements, diarrhées et des troubles respiratoires graves.

Enfin, voyons le cas de ce laurier extrêmement commun que vous avez tous dans votre jardin, ou bien en pot, le laurier tin ou viorne tin anciennement classé avec les Capriofolacées et reclassé chez les Adoxacées.
Des quatre lauriers cités, c’est certainement le plus dangereux à la fois par son abondance et la facilité qu’il offre aux jeunes enfants d’ingurgiter les nombreuses baies bleues qui restent à portée très longtemps sur l’arbuste.
Elles produisent, en relation avec le nombre avalé, un purgatif violent avec vomissements, diarrhées, sueurs froides, tachycardie pouvant entraîner la mort. Mais toutes les parties de la plante sont également toxiques car j’ai eu l’occasion de vérifier personnellement ma mise en garde, lors de manipulations de jeunes plants, sans gants, le poison était passé dans mon sang par deux gerçures aux doigts et je suis resté alité avec trois jours de vomissements, de diarrhées et surtout de fièvre avec de pénibles sueurs froides.

Jean-Marc

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