Hortus
Accueil > Le Jardin d’Hortus > Novembre 2013 : bilan au jardin

Novembre 2013 : bilan au jardin

mercredi 30 octobre 2013, par Jean-Marc

Quel bilan peut-on faire, pour nos jardins, sur les plans climatiques et sanitaires de cette année 2013 et quelles leçons en tirer ?

Les plantes à durée de végétation longue comme la tomate n’ont jamais rattrapé, malgré un été chaud et sec, le retard pris au printemps mais la douceur actuelle compense ce handicap puisque les variétés tardives vont pouvoir, enfin, faire arriver à maturité presque tous leurs fruits.
Les causes de ce retard sont à chercher du côté du manque d’ensoleillement printanier et au fait que la terre ayant été préparée fort tard était insuffisamment réchauffée pour y accueillir et y faire démarrer, dans le Midi, des légumes frileux avant la première décade de Mai.

La leçon à tirer est donc de profiter des bonnes conditions actuelles pour aérer toutes les planches disponibles, y compris et surtout celles dont la structure de la terre est lourde, avant que les gelées et les pluies battantes de l’hiver ne nous renvoient à une hypothétique date en 2014. Une terre ayant été simplement aérée à la grelinette en automne sera plus facile à travailler au printemps et laissant entrer l’air se ressuiera et se réchauffera plus vite.

Concernant ces mêmes pieds de tomates, ils n’ont pas été affectés, à ma connaissance, par le virus de la maladie bronzée qui avait frappé l’an dernier nombre de potagers héraultais.
On peut donc en déduire que ce virus est aussi imprévisible que celui de la grippe asiatique pour l’homme et que, sans être certain de l’utilité des moyens que j’avais préconisés pour le combattre, je ne regrette pas ce que j’ai mis personnellement en œuvre cette année. A savoir 4 poudrages de soufre à la poudreuse jusqu’à fin juin et des plaques bleues tous les 2 mètres destinées à piéger les thrips mais dans lesquelles se sont aussi englués une foultitude d’insectes variés.

Tout occupé à surveiller mes pièges chromatiques, je n’ai pas vu arriver au début de juillet, avant qu’il ne pullule, un autre ennemi qui sévit en période sèche et chaude et que je connaissais pourtant pour en avoir subi depuis les trois derniers étés les néfastes effets. Il s’agit du tétranyque tisserand « Tétranychus urticae » ou araignée jaune.
Comme le thrip, cet arachnide a un développement exponentiel passant pour une génération complète de 36 jours à 15° à 6 jours lorsqu’il en fait plus de 30. De plus il tisse entre les nervures des feuilles une sorte de toile derrière laquelle toute la nombreuse famille reste à l’abri au sec et peut piquer tranquillement la sève.
Les feuilles de haricots verts sont leur mets favori mais ils envahissent aussi allègrement les pieds de tomates si on n’y met pas rapidement le holà.
La lutte en préventif avec du savon noir est un bon répulsif car une fois installé il est plus difficile de s’en défaire et l’araignée jaune réapparait vite tant que la chaleur est là. Le purin de feuilles de lierre a aussi un certain effet mais il est toujours difficile de traiter la totalité des feuilles d’une rangée de haricots et finalement c’est en créant les conditions d’humidité qu’ils détestent le plus, c’est à dire en arrosant les feuilles, haricots et pieds de tomates compris, pendant 4 jours tous les matins, que j’en suis venu à bout.

Enfin, pour conclure ce tour d’horizon sanitaire des végétaux, laissez-moi vous raconter l’histoire que je viens, avec un peu de chance, de dénouer il y a deux mois et qui montre les interactions entre les plantes.
Je sème chaque année, vers le 15 mars, une planche de carottes précoces, ce qui permet d’éviter la mouche qui sévit plus tard et d’avoir des carottes de la mi-juin jusqu’à l’automne. Tous ceux qui en ont semées savent que ce légume, durant les 2 premiers mois de son existence, se laisse facilement envahir par les « mauvaises » herbes et c’est pour cela que je les sème en lignes espacées de 20 cm de manière à pouvoir les « mulcher » entre ces lignes avec des tontes de gazon.
Si ce système freine la levée de beaucoup de mauvaises herbes, il laisse cependant passer de nombreuses plantules de petit trèfle jaune, impossibles à arracher manuellement par leur nombre et leur finesse. Elles vont grandir et faire bon ménage d’ailleurs, à l’abri des fanes des carottes qui protégées des autres « mauvaises » herbes vont rapidement couvrir de leur végétation l’ensemble de la planche.
Depuis 3 ans, ma planche de carottes, qui change pourtant d’emplacement chaque année, est envahie à partir de juillet par des filaments dorées qui sortent d’entre les fanes et lancent leurs pampres à la rencontre d’une fane, s’y vrillent pour mieux avancer vers la suivante à raison de 10 à 15 cm par jour. Sans de nombreuses et régulières séances manuelles d’éradication ce végétal insolite, qui réapparaît si on laisse un petit bout de filament, aurait eu tôt fait de phagocyter et ficeler mes carottes avant le 15 août.
J’en étais là de mes interrogations, lorsque me vint l’idée d’envoyer quelques photos de cette plante à Catherine Garnier des Jardins de Tara pour au moins l’identifier. N’y étant pas arrivée elle-même, c’est son érudit confrère de France Bleu, Joël Avril qui trouva rapidement la réponse. Il s’agit de la cuscute d’Europe végétal sans chlorophylle appartenant à la famille des convolvulacées, plante invasive du trèfle et du lin qui, dans mon cas, suit le trèfle à l’odeur, elle ne repousse plus là où il n’y a pas de trèfle et croyant anéantir le trèfle sous-jacent s’attaque sans le savoir à mes carottes.

Jean-Marc

Creative Commons License | SPIP | squelette | | Plan du site | Suivre la vie du site RSS 2.0