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Septembre 2013 : le figuier de Barbarie

vendredi 30 août 2013, par Jean-Marc


Le figuier de Barbarie (Opuntia ficus-indica)
n’a de commun avec notre figuier commun (Ficus carica) que le nom donné à son fruit. Il fait partie en effet de la famille des Cactacées alors que le figuier classique appartient lui à celle des Moracées.
Il est originaire du Mexique et c’est Christophe Colomb qui rapporta cette curiosité de son premier voyage aux « Indes ». De là lui vient le nom de ficus indica ou figuier d’Inde.

A partir de cette importation il a envahi les zones méditerranéennes puis une bonne partie des zones chaudes et semi-désertiques de l’hémisphère sud où il s’est naturalisé. Sa large diffusion est due, à l’origine, à l’homme qui embarquait sur les bateaux des raquettes de figuier servant comme aliment anti scorbutique.

Les oiseaux se chargeant par la suite, dans chaque pays, de diffuser la plante par ses graines. Il se révéla vite dans les zones désertiques comme l’Australie ou la Namibie une plante invasive et il fallut même avoir recours à la lutte biologique pour limiter sa propagation, dans les années 1920, en introduisant un insecte papillon et une cochenille dévoreurs de l’espèce.

Le figuier de Barbarie est une plante arborescente pouvant atteindre jusqu’à 5 m de haut et qui a dû adapter sa morphologie, pour survivre en condition désertique, en limitant sa transpiration diurne. Elle n’a donc pas de feuilles et les parties vertes et aplaties, en forme de raquettes, appelées cladodes, sont en fait ses tiges.

Elles assurent la fonction chlorophyllienne et sont recouvertes en plus d’une couche céreuse qui limite l’évaporation. En se superposant ces cladodes sont unies les unes aux autres et se lignifient à partir de la quatrième année pour former un tronc. Elles sont protégées par des groupes réguliers de trois ou quatre épines acérées d’1 cm.

A la base de chaque groupe d’épines on trouve les aréoles qui sont les bourgeons de la plante et peuvent porter indifféremment soit de nouvelles cladodes, soit des racines, soit des fleurs. Les fleurs, jaunes ou rouges, d’un diamètre de 5 cm, éclosent de mai à juillet sur le pourtour des raquettes sommitales et donnent naissance à des figues globuleuses d’un beau violet pourpre.


Ces figues sont sucrées, mucilagineuses et aromatiques, certaines variétés de couleur jaune ou orangée ont des goûts de pastèques ou de mangues. Se récoltant à partir de septembre elles auraient sans doute un meilleur succès si la surface de leur peau n’était pas parsemée de groupes de minuscules épines appelées glochides.

Ces petites épines sont en plus munies d’un crochet en forme de harpon dont il est extrêmement difficile et douloureux de se défaire une fois planté dans la chair. C’est la raison pour laquelle il ne faut jamais ramasser ces figues à mains nues ni même les mettre dans un sac plastique. On peut se servir d’un bâton fourchu pour les désolidariser de la raquette et les manipuler ensuite avec du papier journal épais.

Il faut ensuite brosser chaque fruit sous un fort jet d’eau en le maintenant avec une fourchette afin de faire disparaître totalement toutes les glochides.
Au Mexique les figues de Barbaries sont vendues et pelées par le marchand.

Une fois les figues débarrassées de leurs épines on peut les consommer soit fraîches, soit séchées au soleil, soit en les écrasant et en faisant réduire le jus obtenu au bain marie mélangé à un tiers de sucre pour en obtenir de la confiture. Les raquettes, inermes lorsqu’elles sont très jeunes peuvent aussi être consommées. Très populaires au Mexique, elles sont produites sous l’appellation de nopales.

Avec sa texture mucilagineuse, la figue de Barbarie possède des vertus anti-diarrhéiques. Mais son plus grand intérêt ce sont ses graines, assez nombreuses et grosses, avec lesquelles on obtient une huile précieuse car il faut une tonne de figues pour obtenir un litre d’huile.
Produite en Tunisie cette huile qui n’a rien à voir en prix (1000 € le litre) et en propriétés au macérât huileux obtenu avec les autres parties du figuier est réservée à des usages cosmétiques. Elle est, plus encore que celle d’argan, un concentré de vitamine E, d’autres acides gras essentiels et d’antioxydants, protecteurs et régénérateurs des couches cutanées.
Cette huile était déjà connue, dans les pays berbères et chez les indiens mexicains, des guérisseurs locaux pour ses nombreuses autres propriétés.


Pour ceux qui sont en froid avec leur voisin et souhaitent le rester, le figuier de Barbarie constitue une bonne haie défensive tout en produisant des fruits. Mais attention il faut le planter du côté le plus ensoleillé et dans les terrains les plus secs et poreux.

Son système racinaire n’est pas très profond mais en revanche très étendu. On repiquera des raquettes âgées de deux ans, laissées 2 ou 3 jours au soleil, puis enterrées au premier tiers dans un mélange de terreau et de sable et qui ne seront arrosées qu’une quinzaine de jour après leur plantation pour leur permettre de cicatriser et ne pas pourrir.

Autre méthode : semer les graines des fruits achetés dans le commerce, mais là on a toutes les chances de tomber sur la variété jaune sulfarina, produite en culture intensive en Italie et au meilleur rendement que la blanche muscaredda ou rouge sanguigna.

Jean-Marc

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