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Juin 2013 : les thrips

samedi 1er juin 2013, par Jean-Marc

L’an dernier, à la fin juin, mes pieds de tomates étaient déjà si hauts et beaux qu’il ne m’était pas venu à l’esprit de les traiter. Pourtant un mois et demi plus tard ils avaient perdu de leur superbe et faisaient même pitié à voir. Idem pour les haricots grimpants, semés fin juin et d’ordinaire si prolifiques qui ont connu le même sort. Si des cultures de cette trempe ont été subitement attaquées, c’est que je n’avais rien fait, quand il le fallait, pour essayer d’enrayer le rythme expansionniste de reproduction des thrips.

Il convient donc de traiter ni trop tôt ni trop tard mais dès l’apparition de la première génération c’est à dire vers la mi-juin cette année.
Le traitement doit concerner l’ensemble du potager, car il ne sert à rien de ne traiter que les pieds de tomates si des thrips naissent dans la planche de haricots voisins. Et c’est bien là tout le problème car avec des phytosanitaires puissants tel que le Décis de Bayer ou le Polyinsect systémique de Fertiligène on ne peut plus à cette époque-ci pulvériser sur des cultures proches de leur date de consommation.

Du reste ces produits ne sont souvent homologués que pour les cultures d’ornements et même le nouveau Polyinsect, qui sortira dans l’été, et aura l’homologation jardins potagers pour les pucerons et les aleurodes ne l’aura pas pour les thrips.

Du côté des produits naturels il existe l’huile de nem issue des baies du margousier c’est-à-dire une variété de mellia hindou cousin de ceux qui bordent nos avenues. Avec ces baies la société Suisse Maag fabrique le Sanoplant Nem efficace, entre autres, contre les thrips. Mais à ma connaissance on ne trouve pas ce produit dans notre pays car la France interdisait l’huile de nem jusqu’à ce que la Commission de Bruxelles autorise et sous réserve, à la fin 2011, le principe actif qu’elle contient, l’azadirachtine. Reste le pyrèthre dont l’action choc est bien connue depuis une trentaine d’années. Obtenu à partir de la poudre des fleurs séchées d’un petit chrysanthème, le pyrèthre de Dalmatie, cultivé sur les hauts plateaux de Tanzanie ou de Madagascar, cette substance est sans dangers pour les animaux à sang chaud et se dégrade rapidement. Attention à n’acheter que des produits étiquetés 100% pyrèthre car, pour augmenter sa durée d’action, certains industriels y rajoutent un synergisant, le pipéronyl butoxyde qui lui est suspecté d’avoir une action cancérigène sur l’homme.

Enfin nouveau produit insecticide, le Succès 4, à base de spinosad, une molécule obtenue à partir de la bactérie saccharopolyspore spinosa. Issue de la recherche de Dow Agro Sciences ce produit semble réservé aux professionnels et pose des problèmes de débordement dans les champs voisins.

Fort de ce constat, cette année, je vais faire seulement 2 traitements au pyrèthre, (car ce produit est assez cher pour le volume vendue) un à la mi-juin et le second début juillet et je vais faire porter mon effort sur les répulsifs et le piégeage.
Je passe actuellement du soufre sur mes plants et jusqu’à début juillet car les thrips semblent être importunés par son odeur (à poudrer les jours sans vents et le matin).

Deuxième répulsif l’infusion d’ail dont voici la recette : écraser 100g d’ail avec la peau et les plonger dans 1 litre d’eau froide. Porter à ébullition et retirer du feu dès les premiers bouillons.
On peut à ce moment là y rajouter une cuillerée à soupe de savon noir. Laisser refroidir 24h sans enlever le couvercle, puis filtrer et utiliser pur en pulvérisation sur les plantes.

Enfin je compte beaucoup sur les pièges que j’ai confectionnés moi-même (car trop cher dans le commerce). Les thrips sont très attirés par la couleur bleu, du genre bleu azur. J’ai donc peint des plaques plastiques rigides et des feuilles de classeurs plus souples ( mais toute autre surface peut faire l’affaire à condition d’être étanche) de cette couleur et j’ai acheté de la glu qui est vendue maintenant en bombe prête à pulvériser (la glu arboricole classique n’est pas adaptée pour recouvrir des surfaces fines et lisses, sauf à la rendre plus liquide en la faisant fondre, mais je n’ai pas trouvé la recette).
Mes pièges de la moitié d’un format A4 sont percés d’un trou dans lequel je passe un fil de fer souple ou de cuivre, ils sont enduits de glu en les pulvérisant des deux côtés et sont placés (fixés par le fil à un tuteur) au niveau de la cime des tomates en les remontant au fur et mesure de leur croissance (un piège tous les deux mètres). Ils vont rester en place toute la saison en étant ré-enduit une ou deux fois s’ils ont bien fonctionné. Ils devraient ainsi capter tous les adultes ailés en passe de se reproduire et ils sont un bon indicateur du niveau d’infestation.

Entre la boîte de peinture et la bombe de glu l’investissement est aussi élevé que l’achat d’un insecticide mais on peut par contre avec faire un nombre considérable de pièges et les renouveler pendant plusieurs années.

Jean-Marc

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