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Janvier 2013 : Apios américana

samedi 29 décembre 2012, par Jean-Marc

En ce début 2013 permettez-moi de vous souhaiter une bonne et heureuse Nouvelle Année toute agrémentée de la réussite de vos cultures maraîchères ou florales.
Comme l’année précédente nous verrons chaque mois dans cette rubrique le cas de légumes ou de fruits, inhabituels ou méconnus, qui ont comme point commun d’être ou d’avoir été cultivés ou récoltés dans notre pays et particulièrement dans le midi.

Je vais vous parler ce mois-ci d’un légume tubercule peu connu qui aurait pu, sinon égaler, du moins concurrencer le succès de la pomme de terre. Il a pour cela un goût supérieur, sucré, mais en contrepartie il est handicapé par la lenteur que nécessitent ses tubercules pour arriver à maturité, soit entre deux et trois années. Il fut même proposé à partir de 1845 en Irlande comme tubercule de remplacement lors des famines qui sévirent dans ce pays et qui étaient consécutives à la perte des récoltes de pommes de terre attaquées par la pourriture, mais il ne put conquérir cette place justement à cause de son manque de productivité.

Cette plante fut introduite en France en 1635 par un médecin qui la rapporta du Canada, son pays d’origine. Là-bas elle fit les beaux jours et même l’ordinaire des tribus d’indiens d’Amérique du Nord qui ramassaient à l’état sauvage ses tubercules. Les premiers colons anglais, ayant appris des Indiens l’existence de ces noix de terre en firent, eux aussi, usage et elles leur permirent même de survivre à leur premier hiver passé en ces froides contrées.

Il s’agit de l’Apios tubéreux ou « Apios américana », encore appelé glycine tubéreuse ou haricot patate qui appartient à la famille des fabacées ou légumineuses. Il a été dénommé apios, qui en grec signifie poire, en raison de la forme renflée et ovale de ses tubercules.
La glycine tubéreuse est donc une liane vivace, à feuillage volubile, mais qui perd ses tiges chaque hiver. Elle peuvent atteindre 4 m de haut mais nécessitent pour cela un tuteur ou un support. A l’état sauvage elles profitent de la végétation qui les entoure pour grimper à l’intérieur.
Outre les tiges et les feuilles, l’apios produit des grappes de petites fleurs papilionacées, ressemblant à celles de sa cousine la glycine de Chine, de couleur pourpre et rose, très parfumées mais qui fleurissent plus tard en juillet, août. Des gousses velues et comestibles, contenant plusieurs graines leur succèdent d’où son synonyme de haricot patate.

Mais l’intérêt de cette plante est surtout de produire sous terre, à peu de profondeur, de longs rhizomes pouvant atteindre un mètre de long qui portent en chapelet des tubercules renflés, à l’état sauvage de la taille d’une petite pomme de terre, mais pouvant atteindre 15 cm de diamètre lorsqu’ils sont cultivés.
Il faut attendre deux ou trois ans après plantation pour qu’ils soient assez gros pour les récolter, à partir de la mi-automne quand les tiges commencent à sécher. On peut ensuite les conserver comme les pommes de terre.
Cette plante vient dans tous les terrains et affectionne même les terrains légers et calcaires et peut rester en place plusieurs années à condition de lui apporter une fumure de surface.
L’apios se remultiplie par les tubercules que l’on met en place au printemps à 30 cm de distance et entre 10 et 15 cm de profondeur. La pousse des tiges est assez lente au début (attention aux limaces qui en sont friandes) mais s’accélère à la fin du printemps et produit un abondant feuillage tout l’été à condition d’arroser en cas de sécheresse. Ces tubercules conviennent bien chez nous pour cacher par de la végétation un mur de séparation à condition de l’équiper de fil de fer pour que les tiges puissent s’y agripper.
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- L’apios se consomme à la façon des pommes de terre et doit être mangé chaud et bien cuit car sans cela il laisse dans la bouche une mince couche caoutchouteuse peu agréable.
Les tubercules seront pelés s’ils sont cuits au four ou en friture. S’ils sont bouillis ce n’est pas la peine car la peau s’enlève alors facilement. Avec ce dernier mode de cuisson il est possible de les conserver plusieurs années en les faisant ensuite sécher, enfilés sur une cordelette, jusqu’à ce qu’il soient complètement dur. Il suffit alors de les faire tremper dans l’eau deux jours pour pouvoir à nouveau les consommer.

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