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Décembre 2012 : maladies des tomates

vendredi 30 novembre 2012, par Jean-Marc

Les jardiniers d’Hortus ne sont pas très prolixes sur les résultats de leurs cultures maraîchères !
En effet, soit qu’ils n’aient pas pu lire ou bien qu’ils aient oublié de répondre à mon enquête du mois d’octobre sur le dessèchement précoce de leurs pieds de tomates, je n’ai reçu qu’un seul message et encore émanait-il d’une adhérente qui n’en cultive pas directement elle-même.
Pourtant je reste persuadé que nombre d’entre vous ont eu, au cours de l’été, à déplorer les conséquences de cette redoutable maladie virale qui ne laisse aucune chance à la totalité de la plantation.
Déjà l’an dernier j’avais été interpellé sur ce sujet par une adhérente d’Hortus ce qui m’avait conduit à m’intéresser à cette situation. J’ai donc contacté un ex-adhérent de l’ACL qui, il y a quatre ans, faisait ses études de virologie à l’INRA de Baillarguet et, actuellement, est en poste à Strasbourg.
Bien que ce virus à l’origine de la maladie ne fasse pas partie du champ de ses recherches, il m’a fourni de nombreuses informations à son sujet.

La maladie qui a frappé nos pieds de tomates est due à un phytovirus appelé virus de la maladie bronzée que les scientifiques désignent sous l’abréviation de TSWV (Tomato Spotted Wilt Virus).
Parmi les 150 virus qui peuvent infecter les solanacées, il est le chef de file d’un groupe de 35 qui ont une expansion mondiale. Outre les tomates, le TSWV peut aussi infecter pas moins de 650 espèces de plantes, maraîchères ou florales, appartenant à 70 familles botaniques différentes.

Il a été découvert pour la première fois en Australie en 1915 et après s’être calmé, il avait fait reparler de lui pendant la dernière guerre. On le retrouve en Europe et en France à partir de 1985 où, à la faveur des cultures sous abris, il n’a cessé de gagner du terrain.

  • Les symptômes d’une infection commencent sur les rameaux de feuilles les plus âgés et se traduisent par le brunissement puis le dessèchement de la pointe des folioles gagnant ensuite leur totalité jusqu’au pétiole. Le dessèchement monte au fur et à mesure sur les rameaux suivants et rattrape même le déploiement de ces derniers.
    Les fruits en formation ont une maturité irrégulière avec des zones nécrosées, blanchâtres et dures. Ils restent assez petits et la plante cesse toute nouvelle production de fruits.
    Au stade ultime, fin juillet début août, le dessèchement atteint la tige principale et la plante meurt rapidement.
  • Malgré son caractère assez rémanent, ce virus aurait pu être contenu aux seuls plants infectés s’il ne s’était trouvé un insecte vecteur pour étendre sa propagation. Il s’agit du thrips des petits fruits ou thrips de Californie couramment appelé « Frankliniélla occidentalis » sorte de minuscule insecte d’un millimètre de long, de forme allongée et très mobile puisqu’il dispose, à l’âge adulte, d’une paire d’ailes.

Arrivé des USA dans les années 1985, il est, avec son expansion actuelle consécutive au réchauffement climatique, à l’origine de celle du virus. Comme l’araignée jaune sa prolifération est favorisée par les étés secs, chauds, sans orage ni rosée matinale que nous venons de connaître dans le midi.
A 32% un cycle complet se fait en 14 jours, de la ponte à l’adulte ailé. Sachant qu’une femelle pond entre 100 et 300 œufs et qu’il peut y avoir entre 6 et 15 cycles complets dans une saison. On imagine le nombre de thrips, début septembre, sur nos pieds de tomates. C’est uniquement la larve qui va contracter le virus, en 15 minutes, en aspirant le contenu des cellules pour se nourrir.
Si elles sont infectées, l’adulte deviendra infectieux toute sa vie et sera un vecteur zélé avec son cône buccal de type piqueur-suceur, en se nourrissant sur des plantes saines, pour leur transmettre le virus.
Les thrips s’enfouissent dans le sol et attendent la fin du printemps suivant pour entamer un nouveau cycle.

Le TSWV étant une maladie touchant les cellules des plantes, il n’existe pas de traitement curatif contre lui et tous les plants infectés devront être détruits.
La lutte contre ce virus passe donc par des mesures prophylactiques et la régulation de son vecteur.

- Ainsi, si vos tomates ont subi le TSWV, il ne faut pas mettre les pieds infectés au compost ainsi que tous les résidus de la culture (paillage). Plus que jamais il faudra respecter une rotation des cultures en évitant de faire se succéder des plantes sensibles (haricots, laitue, poivron, piment).

- Les thrips eux s’accoutument facilement aux insecticides et si vous ne tenez pas à pulvériser des produits chimiques sur vos tomates, il vous reste les traitements biologiques à base de pyréthrine ou les répulsifs à base de savon noir ainsi que les décoctions d’ails. Les thrips détestent aussi tout ce qui brille ou réfléchit la lumière, genre papier aluminium, couvrant les pieds de tomates.

- A noter que les jardiniers dans le midi qui n’ont pas été atteints, avaient tous utilisé du soufre, soit en poudrage sur le feuillage, soit à même le sol, sur la butte, entre les rangées ou les deux à la fois.

Jean-Marc

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