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Août 2012 : l’argousier

samedi 4 août 2012, par Jean-Marc

En s’intéressant, en octobre dernier, au très commun arbousier je vous avais prévenus de ne pas le confondre avec une autre plante produisant elle aussi des baies oranges et, à une lettre près, au nom pratiquement similaire. Le moment est donc venu de parler dans cette chronique de l’argousier.
Avec 50 espèces la famille des Eléagnacées est regroupée dans 3 genres : celui des Eléagnus, celui des Shépherdia et celui des Hippophae auquel appartient, avec une dizaine d’autres collègues, notre argousier.
Hippophae rhamnoides, c’est son nom botanique, est une plante indigène en France dont l’aire de répartition se prolonge avec sa sous variété Carpatia jusqu’en Asie Centrale.

Le nom d’argousier dérive du grec argos « brillant » de la couleur de ses baies et le terme Hippophae provient des guerriers grecs de l’antiquité qui faisaient manger les feuilles et les branches de cette plante à leurs chevaux, « hippo », ce qui leur donnait un pelage luisant, « phaos ».
Les différents synonymes de l’espèce font systématiquement référence à sa morphologie ou son milieu d’accueil, argasse, épine luisante, épine marante, saule épineux, bourdaine marine et olivier ou ananas de Sibérie pour les autres espèces du genre poussant sur les hauts plateaux de Mongolie ou dans les vallées de l’Himalaya jusqu’à 5000m d’altitude.

Notre argousier se contente des sols les plus pauvres et n’est guère sensible à la rudesse du climat.
Ainsi il est considéré comme une plante pionnière qui, au sortir de la dernière période glaciaire, a préparé le terrain pour les essences actuelles. Il affectionne les sols alluvionnaires, sableux et toujours humides ou les bandes maritimes sableuses qu’il a, comme son cousin du sud de la France l’olivier de Bohême (Eléagnus angustifolia), la propriété de fixer avec ses racines traçantes et d’enrichir en azote. On le retrouve donc essentiellement aujourd’hui à l’état naturel le long des berges des rivières des Hautes Alpes, le long de celles du Rhin dans sa partie alsacienne ainsi qu’au long des côtes de la Manche et de la mer du Nord.

L’argousier est un arbrisseau dioïques à feuilles caduques (chaque plant ne porte que des fleurs mâles ou femelles) de 2 ou 3 m de haut constitué de nombreux rameaux épineux se terminant par une touffe de feuilles très étroites dénuées de pétioles à la manière des euphorbes. La face supérieure de ses feuilles est vert sombre quand l’autre est gris argenté. Au-dessous du bouquet terminal de feuilles chaque rameau porte groupées sur la tige et entre les épines de très nombreuses baies globuleuses qui fleurissent en avril, avant la pousse des feuilles.
A maturité, à partir du mois d’août, elles ont la grosseur d’une très petite olive, possèdent un noyau et leur couleur varie du jaune pâle à l’orange foncé. Ces baies sont comestibles très acides mais aromatiques et en raison des épines de la tige presque impossibles à récolter manuellement. Leur cueillette se fait alors en coupant la totalité du rameau qui les porte et en le secouant pour en faire tomber les fruits.

Au-delà de l’aspect défensif mais surtout flamboyant de ce super buisson ardent quel intérêt de cultiver un tel épineux ? C’est que la baie de cet arbrisseau, appelée argouse, est un véritable condensé de tonicité. Elle est le fruit le plus riche en vitamine C (4 fois plus que le kiwi, 10 fois plus que le citron et 20 que l’orange) et à l’état naturel contient aussi des vitamines A, B, E et des teneurs exceptionnellement élevées en antioxydants. On la consomme donc en jus naturel ou en vinaigre mais aussi en compote, confiture, gelée, miel et huile tirée de la pulpe et du noyau. Cette huile d’argousier est employée en cosmétique car elle régénère notre peau et retarde l’apparition des rides.
Les peuplades d’Asie centrale ont toujours consommé ce fruit associé au lait et au fromage et la Russie mais surtout la Chine avec 900 000 h de vergers et plus de 200 produits différents tirés de l’argousier sont les champions de sa culture. Plus de 6000 autres hectares viennent d’être ensemencés, directement par hélicoptère, dans la région des Loess.

Chez nous sa culture en est au balbutiement avec quelques hectares concentrés uniquement dans les Hautes Alpes, le long de la Durance. Elle est pratiquée par quelques arboriculteurs précurseurs où on la dénomme « l’or du Champsaur ». Toutes leurs productions sont en vente par internet ou dans les boutiques bio et à noter que la société NatVit, outre les jus et gelées, propose aux particuliers des plants d’argousiers, sexués, en individuels pour décoration ou en lot pour haie ou verger.
Comme pour le kiwi il faut au maximum planter un mâle pour huit femelles.

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