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Juin 2012 : l’amarante

lundi 28 mai 2012, par Jean-Marc

Pour celles et ceux qui apprécient la verdure, nos jardins d’amateurs recèlent, pour peu qu’on les préserve, de véritables trésors. Mais trop souvent par méconnaissance nous passons, au mieux, à côté quand nous ne perdons pas notre énergie et notre temps à détruire ce qui pousse naturellement
et qui devrait normalement finir dans notre assiette.
Ainsi dans votre potager, au côté du chénopode blanc, autre « mauvaise herbe » décrite l’an dernier dans cette rubrique, croissent certainement en juin l’amarante réfléchie accompagnée de sa petite sœur l’amarante couchée.
L’amarante réfléchie (Amaranthus retroflexus L.) est une robuste plante annuelle à racine centrale développée, à la tige dressée, peu ramifiée qui peut atteindre à la fin de l’été jusqu’à 90 cm de haut.

La tige principale, un peu rougeâtre et les rameaux sont poilus. Les feuilles, vert clair, sont alternes et leur pétiole se raccourcit au fur et à mesure qu’ils sont proches du sommet de la tige. Les minuscules fleurs verdâtres apparaissent groupées en courts épis à l’aisselle des rameaux et surtout en un long panicule sommital. Ces fleurs composées à la fois de fleurs mâles, femelles et hermaphrodites sont pollinisées par le vent et n’ont donc pas besoin de pétales voyants et encombrants. Elles fleuriront d’août à octobre pour produire à la fin de l’automne des milliers de petites graines noires et luisantes ( jusqu’à 10 000 graines pour une plante bien développée) servant de pitance hivernale à nos moineaux et assurant la propagation de l’espèce.
Le nom générique de l’amarante réfléchie provient du grec amarantos « qui ne flétrit pas » par allusion aux inflorescences qui perdurent après la mort de la plante et rétroflexus « plié en arrière » sous le poids de l’épi sommital.

La famille des amaranthacées comprend une soixantaine d’espèces aux caractères communs très marqués, toutes originaires des zones tropicales ou sub tropicales du globe dont six peuvent quand même pousser en France. Leur chef de file est l’amarante réfléchie qui fut introduite chez nous pour consommer ses feuilles. Sa culture ne devint jamais un grand succès ou plutôt la plante s’est si bien acclimatée qu’elle est devenue l’une des « mauvaises » herbes les plus fréquentes dans nos jardins ainsi qu’une des plus stupidement détestée. Elle était autrefois cultivée par les indiens de l’Arizona pour ses graines qu’ils faisaient griller et avec lesquelles ils faisaient des bouillies.

L’ironie du sort a fait que les espèces de cette famille, amanranthus caudatus et hypochondriatus, espèces produisant le plus de graines, surnommées « blé des Incas » et dont les civilisations mayas mais surtout aztèques et toltèques considéraient comme sacrées ne soient plus cultivées sur leur terre d’origine. En effet avec la conquête du Mexique par les Espagnols et l’interdiction de leurs cultures prononcée par Cortez qui perdura plusieurs siècles, l’amarante a presque totalement disparu de l’alimentation Mexicaine.
Les graines que l’on trouve actuellement dans le commerce proviennent exclusivement de cultures faites en Inde. Pourtant les petites graines du « blé des Incas » sont très riches en vitamines A, B et C et contiennent 2 fois plus de fer et 4 fois plus de calcium que notre blé dur. Elles renferment aussi une quantité non négligeable de protéines (entre 15 et 18%), sont riches en lysine, méthionine, en fibres et son exempte de gluten. Les graines d’amarantes ont donc des atouts nutritionnels extraordinaires et comme la culture de ces plantes est adaptée aux zones sèches, se contente de sols pauvres, est peu exigeante pour croître avec une production élevée elle devrait être davantage développée, notamment en Afrique, car elle représente une manne pour les peuples souffrant de malnutritions.

Preuve du pouvoir de résistance et d’adaptation de l’amarante, l’espèce hypochondriatus vient de résister au désherbant roundup de Monsanto, sensé la détruire, en captant les gènes du soja transgénique américain.
Il peut sembler curieux de recommander la culture d’une mauvaise herbe qui pousse toute seule mais cela permet en la semant, de la regrouper sur un endroit précis et de valoriser au maximum une parcelle de terrain. Cependant si l’on trouve chez les grainetiers des semences d’amarante, de production de graines et d’espèces d’ornement, il n’existe pas de semence d’amarante réfléchie. Il faudra donc s’armer de patience et attendre début décembre pour cueillir soi-même celles que l’on aura repérées.
Les graines seront semées en place au printemps, l’amarante aimant quand même la chaleur, en lignes espacées de 20 cm, puis éclaircies à 15 cm sur le rang. La récolte se fait ensuite en cueillant les feuilles qui se préparent à la manière des épinards.
L’amarante réfléchie accepte tous les sols même les plus lourds et atteindra rapidement sa taille maximale dans la bonne terre de nos potagers et cela sans parasites ni maladies.

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