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Juillet 2011 : de la classification des plantes

dimanche 3 juillet 2011, par Jean-Marc

Je profite de l’erreur que j’ai sciemment commise le mois dernier pour pouvoir reparler de la classification des plantes.
Elle concernait notre chénopode blanc (par ailleurs excellent en goût et dont c’est la pleine saison de cueillette) que j’avais classé, en classement systématique, comme un représentant de la famille des Chénopodiacées alors qu’il est désormais classé, en classement phylogénétique, dans celle des Amaranthacées.

Pour ceux qui ont goûté à la fois au quinoa et à l’amarante, il y a en effet peu de différence de forme, de goût, de culture, surtout quand on sait que ces deux espèces de plantes ont servi de nourriture de base aux civilisations mayas, incas et aztèques pour l’amarante et le font encore pour la quinoa, concernant les voisins indiens de l’altiplano bolivien et péruvien.

Après la dernière grande extinction de vie (flore et faune) de la fin de l’ère mésozoïque (disparition des dinosaures) ou ère secondaire, il y a 65 millions d’années (il y en a eu 4 autres auparavant dont celle majeure à la fin du permien où ne subsista plus qu’un petit dixième des espèces de l’époque), chaque fois la nature est repartie de plus belle en se diversifiant sans relâche et en continuant encore de se ramifier à l’heure actuelle. Elle n’a pu le faire qu’à partir des souches rescapées et aux facultés des végétaux de se croiser, pour s’adapter et survivre à des milieux qui n’ont cessé de se modifier sous l’effet des éléments et des variations climatiques consécutives à la dérive des plaques tectoniques.

Par exemple, jamais le relief de la Terre n’a été aussi élevé en moyenne qu’il ne l’est actuellement et le dernier million d’années a été le théâtre de quatre grandes périodes glaciaires sur notre planète.
Plus près de nous encore, l’explosion du volcan Toba, il y a seulement 74 000 ans sur l’île de Sumatra, projeta des cendres jusqu’à plus de 3000 km de son centre et entraîna, avec la baisse des températures, un âge glaciaire instantané d’environ trente ans dans les régions tempérées et une déforestation totale de tout le sud est asiatique.

Dans ces conditions, il est donc normal que les végétaux, comme les animaux, aient une descendance génétique et tout l’art de leur classification, science que l’on nomme taxinomie, consiste justement à retrouver, pour les 350 000 espèces de plantes connues, les quelques grandes familles (environ 175) ou taxons dont elles sont issues.

Depuis Aristote (384-322 av JC), les botanistes ont toujours cherché à classer les plantes.
Mais il faudra attendre Von Linné avec la dixième édition (1758) de son Système de la Nature pour que soit établie une véritable nomenclature, fondée sur les systèmes de reproduction des plantes, au demeurant incomplète puisque n’y étaient recensées que 8000 plantes.

Aujourd’hui le code de nomenclature botanique qui régit l’ensemble des lois, des règlements et des termes techniques utilisés, utilise encore le principe de base de la nomenclature binaire introduite par Linné.
- Dans ce principe, le latin est toujours la langue officielle pour désigner le nom d’une plante.
- Selon cette nomenclature binaire on emploie le nom du genre avec une majuscule initiale auquel on ajoute, pour désigner l’espèce, un épithète avec une minuscule initiale, ex : Chenopodium album.
- L’abréviation finale, avec une majuscule, indique le nom du botaniste qui le premier a décrit la plante.
- Une abréviation est toujours suivie d’un point final, ce qui permet de savoir si le nom est abrégé ou non, ex Chenopodium album L. décrite par Linné.
- Le mot var. est utilisé pour indiquer une variété ou race ne se différenciant que par une seule particularité héréditaire, par exemple pour la quinoa, que l’on peut acheter en grande surface : Chenopodium quinoa var. réal (L.)
- Enfin pour indiquer une nouvelle variété issue d’un croisement entre deux espèces différentes la lettre x est placée entre le genre et l’espèce et si ce croisement concerne deux genres différents la même lettre x est placée avant le nom du genre.

Pour bien classer un végétal on commence à définir sa classe, son ordre, sa famille, son genre, son espèce et sa variété.
L’apport de la révolution Darwinienne fut la reconnaissance des mécanismes générateurs de la diversité organique. D’une espèce ancestrale se détachent des espèces filles dont les courses divergentes et ramifiées engendrent les groupements ou taxons reconnus des classificateurs.

Avec la nouvelle classification phylogénétique, par opposition à celle de Linné dite systématique, on est passé de la simple opération de rangement à la représentation de l’histoire évolutive des végétaux.

Jean-Marc

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