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Juin 2011 : le chénopode blanc

mercredi 1er juin 2011, par Jean-Marc

Il est presque impossible pour ceux qui côtoient la terre de près et à plus forte raison pour les jardiniers de ne pas avoir remarqué cette mauvaise herbe qui pousse si facilement dans la terre de leur jardin à partir de la mi-mai. Il s’agit du chénopode blanc (Chenopodium album) dont cette couleur lui a certainement été donnée pour les reflets argentés de la face inférieure de ses feuilles. Ne pas le confondre avec la morelle qui a des feuilles assez proches mais toxiques, un port plus buissonnant, fait des fleurs blanches et des baies noires.

Ce qui est sûr c’est que le terme chénopode vient du grec khênopous (patte d’oie) en raison de ses feuilles dont la forme ovale et la bordure sinuée n’est pas sans rappeler celle de ce volatile.

Le chénopode est une plante annuelle à tige dressée dont la hauteur peut varier de 20 cm à 1 mètre. Ses nombreuses feuilles duveteuses au-dessous sont d’un beau vert clair satiné au-dessus.
Les nombreuses petites fleurs, sans pétales qui s’ouvriront de juillet à octobre donneront de minuscules graines noires qui serviront de pitance aux moineaux et aux pinsons, dès les premiers frimas venus.

Malgré ses qualités gustatives cette plante mérite son qualificatif de « mauvaise herbe » car, si elle pousse fort bien dans les bonnes terres, elle apprécie également les terrains vagues et particulièrement les décombres et fait d’ailleurs partie de la catégorie des plantes rudérales.

La sècheresse et la salinité des sols ne la rebutent guère et on a vraiment affaire avec le chénopode blanc à une plante tout terrain. Il faut dire que lorsqu’on appartient à la famille des Chenopodiacées, forte de plus de 1400 espèces et d’une centaine de genres, on a de quoi tenir, en matière de croissance, en conditions extrêmes.

En commençant par Chenopodium quinoa (la quinoa) qui pousse à plus de 4000 m d’altitude sur les hauts plateaux andins. Mais aussi, plus près de chez nous, avec la bette maritime le long du littoral et surtout la salicorne et la soude en zone marécageuse saline et que le sel de mer semble même doper.
De plus s’il est assez fragile et commode à détruire quand il est jeune, il n’en est plus de même une fois qu’on l’a laissé s’installer et gare à l’invasion l’année suivante s’il arrive à faire ses graines.

Si le chénopode blanc est une mauvaise herbe de l’été cela ne l’empêche pas d’être comestible et ses feuilles sont même délicieuses crues dans les salades ou cuites comme des épinards avec d’ailleurs plus de goût que ces derniers. Il est possible de ramasser ses feuilles qui sont très riches en protéines, en vitamines et en sels minéraux, tout au long de la vie de la plante. Ses petites graines noires sont aussi comestibles.
Pour ces raisons, il a été un aliment important pour les peuples préhistoriques d’Europe et Napoléon 1er a fait appel à lui pour nourrir ses armées lorsque les vivres venaient à manquer. Il a repris du service aussi pendant les périodes de famines que la seconde guerre mondiale a occasionnées.

Pour ceux qui en ont dans leur jardin et seraient désireux d’en consommer, voici une recette facile, rapide et différente des classiques épinards.

Proportion pour une personne :
Faire frire quelques minutes deux tranches de bacon en les ayant coupées au préalable en petits morceaux.
Ne laisser subsister dans la poêle qu’une cuillerée à soupe de gras.
Y incorporer la valeur d’un grand bol de feuilles de chénopodes lavées et hachées.
Faire revenir les feuilles en remuant rapidement pendant 3 à 4 minutes.
Bon appétit

Nous verrons ultérieurement l’histoire d’un autre chénopode, le Chénopode Bon-Henri qui n’est autre que l’épinard sauvage.

Jean-Marc

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