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Juillet 2010 : culture de la tomate

Culture de la tomate

vendredi 2 juillet 2010, par Jean-Marc

Utilisant le bon prétexte d’avoir la charge d’alimenter les économies occidentales, l’agriculture intensive en est arrivée à dévoyer la culture de beaucoup de légumes.
Prenons comme exemple celui qui est le plus connu de tous, le plus apprécié et le troisième le plus produit en tonnage dans le monde à savoir la tomate, avec 130 millions de tonnes. Il est déjà symptomatique d’entendre beaucoup de consommateurs d’un certain âge se plaindre de ne plus retrouver dans ce légume le goût et l’odeur qu’ils en avaient gardés pendant leur jeunesse. Mais, même parmi ceux qui en cultivent dans leur jardin et ils sont nombreux, combien connaissent le parcours de la grappe de tomates qu’ils ont peut-être achetée au super marché du coin, pensant se régaler de productions venues des pays du soleil, en attendant le moment de déguster leur propre récolte ?
Né déjà à contre sens du calendrier c’est-à-dire en novembre 2009, ce petit pied de tomate a grandi et passé le rigoureux hiver dans la chaleur de la serre et n’a donc jamais vu ni la pluie et tout juste le soleil que derrière une vitre. Des vitres se trouvant pour une large part dans des régions où le soleil n’est pas la spécialité première et des pays les plus inattendus car les plus septentrionaux. Cette tomate n’a jamais connu également le moindre gramme de terre et puise sa subsistance dans une gouttière dans laquelle défile un brouet aseptisé et réglé par un ordinateur qui en profite aussi pour faire distiller dans la serre les émanations de CO2 produite par la chaudière, histoire de faire croire à cette plante qu’elle pousse bien sur la Terre et d’en faire accélérer la croissance.

L’assurance et la régularité de cette production se fait donc au prix de la perte de la diversité car trois catégories seulement de tomates sont produites ainsi (grappe, cerise et ronde, un comble quand on sait qu’il en existe plus de 2600 variétés différentes) mais plus inquiétant encore par une surenchère de traitements sanitaires.
Ainsi je reste sidéré devant l’arsenal pharmaceutique utilisé par ces producteurs intensifs qui ont le choix entre pas moins d’une trentaine de substances, pour ne parler que des traitements fongiques, conçues pour endiguer la dizaine de maladies cryptogamiques affectant les productions sous serres.

Pour nous jardiniers qui attendront patiemment, mais avec d’autant plus de plaisir, la deuxième partie de l’année pour commencer à goûter notre production, point de cela et la meilleure défense que nous puissions apporter à nos pieds de tomates passent par la vitalité du terrain dans lequel elles sont plantées.
Cependant même en bichonnant notre plantation tout n’est pas rose et facile dans nos jardins d’amateurs et trois maladies affectent souvent les plantations.
- La plus connue des trois est le mildiou, qui commence à tâcher de brun le bord des feuilles et que l’on contient cependant très bien, en préventif, avec la bouillie bordelaise à raison de trois pulvérisations dans la saison.
Ce produit est autorisé en biologie tant qu’il reste l’association du sulfate de cuivre (ou vert de gris) substance non chimique avec de la chaux. Il est important de bien pulvériser sous le dessous des feuilles et notamment les plus basses car la contamination est favorisée par le contact avec la terre. Le mildiou cependant n’a pas la même importance dans le midi qu’ailleurs, car il semble qu’il faille plusieurs jours consécutifs avec de l’eau sur les feuilles pour que les spores du champignon puissent éclore, conditions non réunies même quand il y a des orages chez nous mais que le temps redevient beau et sec le lendemain.
Attention cependant à ne jamais le laisser entrer dans la plante car la bouillie bordelaise devient alors inefficace et les dégâts très rapides et incurables pour toutes les parties de la plante.
- L’autre maladie, plus récurrente et insidieuse, ressemble un peu au mildiou mais elle est causée par un autre champignon est s’appelle l’alternariose.
Elle est caractérisé par un jaunissement des feuilles les plus basses sur lesquelles apparaissent des zones nécrotiques brunes et concentriques. Rapidement la feuille se dessèche et la maladie passe à l’étage au dessus et sans devenir mortelle dégarnie souvent de son feuillage la moitié du pied.
On peut limiter son expansion en brûlant les parties atteintes, en évitant de mouiller le feuillage.
La prévention passe là aussi par la bouillie et un traitement naturel de protection et de fortification avec la décoction de prêle.
Certaines variétés de tomates résistent mieux que d’autres mais il n’y a pas de traitements naturels spécifiques pour cette maladie. Par contre deux fongicides chimiques bloquent ce champignon, même installé dans la culture : le mancozèbe sous l’appellation Dithane 45 et l’azoxystrobine mais ces deux substances sont de redoutables poisons qu’il vaut mieux ne pas appliquer dans nos jardins.
- Troisième maladie : la nécrose apicale ou maladie du « cul noir » de la tomate.
On la reconnaît facilement à sa grosse tache noire sur le fruit à l’opposé du pédoncule.
Les causes de cette nécrose sont dues à un défaut d’assimilation du calcium dans les terrains carencés (sols acides, sableux, ou trop argileux) et à des irrégularités dans l’apport d’eau. On y remédie en apportant, dans les terrains concernés, un amendement sous forme de carbonate ( lithothamne, chaux et patenkali).

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