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Août 2010 : traiter bio

Du traitement en bio

lundi 2 août 2010, par Jean-Marc

Nous avons vu le mois dernier les maladies cryptogamiques qui affectaient la culture des tomates. Hormis pour le reste des solanées (pomme de terre, aubergine, poivron) où le mildiou peut faire des dégâts elles ne sont pas très gênantes au jardin d’amateur.

Qu’en est-il, par contre, des insectes ravageurs ou autres parasites sur le reste des autres légumes ?
Ils sont forts nombreux et variés, au moins autant qu’il y a de plantes et sont les hôtes indésirables de chacune d’entre elles depuis qu’elles existent. Il est donc illusoire de penser pour l’homme qu’il arrivera un jour à les éradiquer, sauf à s’empoisonner lui-même, tant leurs capacités de reproduction et d’adaptation sont grandes. Pour preuve, malgré les tonnes de traitements déversés par les agriculteurs depuis des décennies (toujours très toxiques pour eux) ces derniers arrivent à protéger leurs cultures mais ne peuvent anéantir l’espèce. Toutes les familles et tous les légumes ont donc des insectes nuisibles spécifiques et tous doivent y faire face.

Et l’on touche là une différence essentielle entre les deux agricultures, entre celle dite « chimique » où l’insecte s’il n’était pas systématiquement empoisonné, presque même avant son apparition sur la culture, l’endommagerait et celle dite « biologique » où la lutte est d’abord préventive en mettant la plante dans les meilleures conditions de développement possible afin que son mécanisme de défense contre les parasites puisse fonctionner normalement.

Pour autant, même en « bio », si pour la plupart des cultures le pulvérisateur reste au garage il en est d’autres où il faut se résoudre à le sortir.
C’est le cas de la culture des choux, certainement le légume le plus attaqué de tous et qui ne compte pas moins de sept ennemis particulièrement fidèles et habiles à vivre à ses dépens avec, par ordre d’apparition, la mouche du semis, la punaise rouge, l’altise, l’aleurode, le puceron cendré, la grande et surtout petite piéride du chou, sans oublier au final les limaces.

Pour combattre tous ces ravageurs le jardinier amateur disposait, jusqu’à présent, d’une arme infaillible avec la roténone. Tirée de la racine d’une plante africaine « le Derris » cette molécule organique, découverte en 1920, et donc tolérée en « bio » possède des propriétés neuro-toxiques qui viennent à bout en 30 minutes de presque tous les insectes. Pourtant classée comme insecticide végétal ce produit, vendu par exemple sous l’appellation de « Cubérol » pour la marque Fertiligène a d’abord était interdit à la vente aux particuliers en 2008 et vient de l’être d’application, y compris avec masque approprié, chez les professionnels en avril 2010 car suspecté puis accusé de favoriser la maladie de Parkinson chez l’homme.

Pour remplacer la roténone le commerce se tourne maintenant vers l’autre insecticide végétal, découvert lui aussi au siècle dernier et qui est tiré du « Pyrèthre de Dalmatie ». De cette plante qui ressemble au chrysanthème et est cultivée pour la majorité de la production au Kenya et en Tanzanie, on extrait des nombreuses petites fleurs, le pyrèthre. Neuro-toxique également, ses effets sont foudroyants sur les insectes et il s’élimine rapidement au soleil. Il ne présente donc pas d’effets nocifs pour l’homme et, même à très petites doses, a toujours un effet répulsif sur les insectes.
Le produit pour la marque « Naturen » de Fertiligène est baptisé « Insecticide Biologique Végétal » et est composé d’un mélange de pyrèthre et de bactéries bacillus thuringiensis assez polyvalent pour pouvoir s’utiliser à la fois sur cultures légumières jusqu’à la récolte mais aussi fruitières ou ornementales.

Pour ceux qui ne veulent pas entendre parler de préparations commerciales, il existe de nombreux produits naturels mais dont la rapidité d’action n’est pas la qualité première.

Citons en premier le mélange de purin d’ortie et de décoction de prêle, essentiellement préventif, dont l’acidité barre la route aux pucerons et d’autres insectes, la nicotine, le savon noir contre l’altise, le puceron et les chenilles, la suie délayée dans l’eau contre l’altise, ou l’aloès contre les limaces (on pulvérise sur les plantes une solution de 1 gramme d’aloès par litre d’eau) ou encore, contre la teigne du poireau, le trempage des plants à repiquer pendant 15 minutes dans une solution d’eau diluée à 30 % avec de la javel.

Enfin rappelons qu’en « biologie » la prévention commence par l’association des plantes amies (voir sur ce sujet les conseils de mai 2010) que « l’odothérapie » est un moyen très efficace pour envoyer l’envahisseur voir ailleurs (l’odeur de la menthe à proximité des choux fait fuir la mouche du chou, la piéride et le puceron cendré). L’inverse est aussi intéressant en attirant au contraire l’insecte à éliminer par des pièges fluorescents pour mieux l’engluer ou le tromper (cas des coquilles d’œufs placées sur les rangs de poireaux pour y faire pondre la teigne).

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