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Juin 2010 : Binage et Mulching

Binage et Mulching

mardi 8 juin 2010, par Jean-Marc

Tous ceux qui entretiennent un jardin potager ou d’ornement s’aperçoivent vite que, sous l’action du vent ou de la chaleur, la terre, très souple quand elle est humide, forme une croûte au fur et à mesure qu’elle se dessèche, croûte qui s’épaissit si la sécheresse persiste pour atteindre même le stade du fendillement.
Ce phénomène naturel, très gênant pour le jardinier et préjudiciable à ses cultures, est la réponse de la terre pour éviter son asphyxie. Il est dû à tout un réseau de petits canaux verticaux chargés d’acheminer l’humidité du fond pour la faire s’évaporer en surface qui se met en place dès que la terre se ressuie.

Il existe plusieurs moyens pour permettre à la terre de conserver sa souplesse et son humidité.
- Le plus connu et pratiqué est le binage dont le principe consiste, à l’aide d’une petite griffe munie de 3 ou 5 crochets, à émietter la surface du sol dès que la croûte superficielle commence à se former.
Le mouvement de capillarité en train de se mettre en place étant brisé par cette action, seule une mince couche de terre en surface se dessèche et constitue une sorte de protection qui protège les couches inférieures.
La terre ainsi traitée conserve beaucoup plus longtemps son humidité, entre 7 et 10 jours après un arrosage, et ainsi a fait naître l’affirmation suivante qui dit qu’un binage vaut deux arrosages.
Mais biner sa terre, même si c’est assez rapide, reste à la longue fastidieux et surtout est à renouveler un certain nombre de fois dans la saison.

C’est la raison pour laquelle j’utilise depuis quarante ans et préconise une solution plus radicale, certes un peu plus longue à mettre en place qu’un binage, mais qui présente, entre autres, l’avantage de ne plus y revenir jusqu’à la fin de la culture, c’est la couverture du sol par de la paille ou du foin technique qui se nomme « mulching » en agriculture biologique.
- Un peu comme la nature sait le faire quand elle est livrée à elle-même, avec comme exemple un tapis de feuilles mortes aux pieds des arbres d’une forêt, son principe est de faire écran aux éléments et principalement au soleil, par un matelas de matières végétales couvrant la totalité du sol mais le plus aéré possible pour permettre au sol de continuer à respirer.
Pour respecter ce grand principe, je place en premier au contact du sol les matériaux les plus grossiers (pailles brutes ou grandes herbes sèches) qui par leur relative rigidité vont empêcher de trop coller et je termine en saupoudrant d’éléments plus fins tel que le gazon finement coupé. Ce dernier, pourtant abondant en ce moment, est à utiliser avec prudence et modération quand il est vert et placé en grosses couches car il se compacte et a vite fait en s’agglomérant puis pourrissant de couper les échanges. On peut l’utiliser cependant seul, mais sur 1 à 2 cm d’épaisseur seulement, entre les rangs de carottes ou les salades ou bien pour protéger de l’évaporation toutes les plantes en pots.

Le mulching normal d’environ 5 à 6 cm d’épaisseur convient très bien à la planche de tomates, aux pieds de courgettes et surtout aux rangs de haricots, légume qui apprécie particulièrement une humidité constante au ras de la tige.
Réaliser un paillage de son jardin ne dispense pas pour autant d’apporter de l’eau, mais la fréquence des arrosages, comme avec le binage, est réduite de moitié. Les mauvaises herbes ne pouvant pas germer faute de lumière n’ont pas droit de cité et surtout le soleil, très grand bactéricide, ne peut plus avoir d’influence néfaste sur la vie microbienne de notre sol.
Naturellement ce paillis, au bout de deux ou trois mois, va subir les outrages du temps en perdant un peu de son épaisseur. Mais l’été sera passé et, une fois la culture terminée, il ne sera pas perdu mais recyclé facilement dans le tas de compost automnal.

Que répondre aux sceptiques qui pensent que couvrir d’herbes son jardin c’est prendre le risque d’être envahi de mauvaises herbes ?
Dans l’absolu, ce risque n’existe pas car, même si vous ne choisissez que des plantes prêtes à lâcher leurs graines, ces dernières ne retrouveraient pas dans notre terre les conditions qui les ont fait naître ailleurs. Et même si quelques unes arrivent à percer (grains de blé restés dans les épis de paille ou grains de folle avoine) elles seront, de toutes façons, toujours moins nombreuses que celles qui ne manquent pas de pousser si rien n’est fait pour les contenir (mouron ou pourpier dont la durée germinative atteint les cinquante ans).
Enfin les mois de mai et juin sont des mois bénis pour ceux qui vont faire passer l’été au frais à leur jardin car il est assez facile de trouver en ce moment de la matière première sur les talus le long des routes, gracieusement coupée par les agents de l’équipement, ou bien en soulageant un voisin qui vous remerciera en plus de le délivrer, à ses yeux, de cet encombrant fardeau.

Jean-Marc

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