Cynodon dactylon ou chiendent

Nul n’est prophète en son pays, dit-on. Cela est vrai, même en botanique. Il en va ainsi pour le Cynodon dactylon Rich., plus connu sous le nom de chiendent, l’ennemi public numéro 1 de nos jardins. Pourtant, certains nous l’envient : il est vendu dans toutes les bonnes pépinières de… Californie !

Alors, au lieu d’enrichir les ostéopathes (que je vénère par ailleurs !) grâce à vos vertèbres déplacées par votre lutte stérile et permanente contre le chiendent, positivez (pour employer cet horrible barbarisme d’un hypermarché) !

Le rhizome, à lui seul, est une mine de trésors : il contient, entre autres, des sucres, du mucilage, des sels minéraux.
 Ses extrémités, crues et fraîches, (en forme de canine de chien, d’où son nom vernaculaire) sont délicieuses : tendres, juteuses et légèrement sucrées, on peut les consommer telles quelles.
 Séché, moulu et tamisé, il donne une farine dont on peut faire des bouillies.
 Cru, il craque sous la dent, libérant une sève sucrée et désaltérante.
 En décoction, il est diurétique, émollient, dépuratif et rafraîchissant.

Et la tige ? un joli vert, un aspect un rien mousseux, sobre comme un chameau : c’est autrement plus sympa qu’une pelouse de raygrass qui est, par définition, un désert écologique toujours assoiffé !

Et le confort ? Avez-vous essayé de marcher, pieds nus, sur un tapis de chiendent ? C’est souple, élastique, ça vous chatouille agréablement la plante des pieds, c’est bien plus jouissif, comme contact, qu’une moquette et ça ne contient pas d’acariens !

Le chiendent ne nécessite aucun entretien, aucun arrosage, il vous apporte des vitamines, des sels minéraux. Il est parfaitement garanti sans OGM, parfaitement naturel. De grâce, ne le gâchez avec des pesticides !

Le chiendent, croyez-moi, est la bénédiction de nos jardins !
Plutôt que de vous battre contre lui, adoptez-le, vous ne le regretterez pas !

N.B. : une directive européenne interdit toute éradication d’espèce. Ne vous mettez pas en contravention avec la loi, en arrachant systématiquement le chiendent ! D’autant que préserver la biodiversité dans un monde où tout s’uniformise, est notre devoir à tous.

Renée B.