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Styrax officinalis ou aliboufier

jeudi 23 avril 2020, par Michèle

Voici un arbuste peu connu et particulièrement intéressant pour nos jardins du Languedoc que j’aimerais vous présenter. Il pousse dans des jardins de Montpellier où il est parfaitement adapté et offre un très grand attrait ornemental.

Styrax dans le jardin de Brigitte

Ma démarche se voudrait être dans l’élargissement de l’éventail des plantes de nos jardins, le plus possible en accord avec les végétaux de notre environnement.
Pierre Lieutaghi, à la parution d’un de ses livres, sur sa dédicace, a en quelques mots saisi le sens de cette démarche et affirmé son adhésion en nous écrivant : « ...En signe d’amitié sur ce beau chemin qui va de la garrigue au jardin... »

Styrax officinalis, au nom provençal d’aliboufier, seul membre européen de la famille des Styracacées, croit spontanément sur les coteaux boisés du Gapeau au nord est de Toulon.

Fleurs de Styrax officinalis

L’aliboufier qui recherche des situations mi-ombragées se dissémine dans le maquis et dans le taillis clair de chênes verts, plutôt sur des sols friables.
Son indigénat dans le Var n’est pas certain, mais son aire naturelle, où la spontanéité n’est pas mise en doute, va des côtes yougoslaves à la Turquie, à la Crète, à Chypre et au Proche Orient.

C’est un arbuste atteignant 6 à 7 m de haut, plus souvent arbrisseau de 2 à 4 m.
Son jeune bois pubescent devient lisse à maturité. Son allure est proche du cognassier, ce que soulignent déjà les Anciens, Dioscoride et Pline en particulier.

Fruits d’aliboufier

Ses feuilles, non dentées, largement ovales, sont d’un vert un peu luisant dessus et couvertes en dessous d’un fin feutre blanc grisâtre.

Ses fleurs, assez grandes (2 cm) qui s’épanouissent en avril-mai, évoquent celles de l’oranger : blanches, au parfum subtil, avec un cœur d’étamines nombreuses. Elles se rassemblent, de 2 à 6, en courtes grappes un peu pendantes. Elles sont mellifères.
Leur succèdent des fruits blanchâtres, cotonneux, très coriaces de la taille d’une petite cerise, contenant une (rarement deux à trois) grosse graine très dure, huileuse et odorante en juillet-août.

Voici ce que nous en dit Pierre Lieutaghi :

« L’aliboufier est l’un de nos arbustes les plus rares. Il ne croit en abondance que dans le département du Var…
La plupart des botanistes doutent de son indigénat en Provence… La preuve décisive de sa spontanéité serait dans un traité de botanique itinérant (publié à Londres en 1571) où les auteurs, médecins de l’École de Montpellier, mentionnent le styrax dans sa station de la vallée du Gapeau où il se maintient encore.

Grappes de fleurs d’aliboufier

Des grappes de fleurs blanches délicatement parfumées, qui rappellent beaucoup les fleurs d’oranger, un feuillage léger, discrètement bicolore argent et jade, de curieux fruits de feutre gris, il met un peu de la douceur d’Orient sur les coteaux où croissent chênes verts, lentisques, alaternes... S’il se contente de sols pauvres et calcaires, il apprécie sans doute le couvert léger des pins d’Alep.
Sa sobriété, son aptitude à croître en situation mi-ombragée lui valent une place dans les parcs et jardins méditerranéens attentifs à la flore indigène. »

Et dans le chapitre concernant la protection de la Flore :
« s’il existait en France une législation... concernant la conservation de la flore,... le styrax officinal devrait être porté sur la liste. »

« En août 1897, à Barcelonnette, la Société Botanique de France où brillaient des noms aussi prestigieux que Flahault, Coste… exprima le souhait qu’en considération de son haut intérêt botanique, l’Administration des Forêts mette en réserve les plus beaux sujets de manière à assurer la conservation de l’espèce sous sa forme la plus parfaite et la plus naturelle.
Ce souhait reste toujours valable. »

Culture du styrax officinal

Peu d’ouvrages parlent de la culture du styrax officinal. Voici quelques données :

L’aliboufier se multiplie facilement par semis, en sol léger et fertile, non exposé aux stagnations d’eau. Il prospère vaillamment en caisse ou en jarre.
Les graines récoltées à maturité vers la fin août ou en septembre doivent être semées aussitôt. La germination n’a lieu qu’au bout de plusieurs mois sous châssis, il est conseillé de pailler par grand froid. La croissance des plantules est rapide.
Il est également mentionné qu’il se multiplie assez facilement par marcottes.

Alors… Dès septembre à vos godets !

- Mes références sont : Botanica, « Plantes du Midi (Edisud) » de Pierre Cuche, « Petite ethnobotanique méditerranéenne (Actes Sud) » et « Le livre des arbres, arbustes et arbrisseaux (Actes Sud) » de Pierre Lieutaghi.

Michèle Auvergne

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