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Smilax aspera ou salsepareille

samedi 28 avril 2001, par Renée

Aussi peu apprécié et méconnu que le chiendent, Smilax aspera L. ne mérite pas sa mauvaise réputation. Car la salsepareille doit son nom au fait qu’elle est, en effet, unique. D’abord, elle est inféodée au Midi : c’est une plante aussi emblématique du climat méditerranéen européen que l’olivier. Son aire de répartition ne dépasse guère Montélimar !

Extrêmement discrète, ne poussant qu’en sous-bois, elle habille joliment les affreux grillages qui sont censés protéger nos propriétés, alors que les arbustes ne font que les masquer d’un seul côté. Elle est donc le complément indispensable des haies libres.

Connaissez-vous une seule autre plante – sauvage - diffusant un parfum, à la fois puissant, vanillé, rappelant le jasmin, qui vous enivre en plein frimas, en décembre ? Or, on cultive - à grand peine car gélif - le jasmin et on arrache sauvagement la salsepareille !

Certes, elle a, quelquefois, des façons de fille des rues : elle vous accroche au passage. N’y voyez là qu’un de ses charmes : cette halte vous permet d’admirer ses feuilles vernissées, élégamment découpées en forme de…cœur, ses fruits en grappes d’un rouge superbe et la grâce de ses longues tiges flexueuses.

Essayez ces baies en décoration de vos tables de Noël : ça a une autre allure que le houx acheté à moitié sec !

De plus, les jeunes pousses de salsepareille sont délicieuses, cuites, en vinaigrette ou dans une omelette, exactement comme les asperges sauvages.
Enfin, si les baies sont toxiques pour les humains, les racines peuvent être utilisées en décoction comme dépuratif, diurétique et tonique.
Du reste, elle est largement utilisée en pharmacologie, à cause de sa teneur en saponine.
Et les merles ? Et les grives ? Et les fauvettes ? Et les mésanges ? Eux, et tous les autres oiseaux granivores se gobergent, l’hiver, de ses adorables petites baies d’un rouge délicat et brillant.
Avouez que peu de plantes – sauvages - de chez nous ont une pareille panoplie d’avantages.

D’ailleurs, même en France, on nous l’envie : des journaux aussi sérieux que "Jardins de France" préconisent sa culture comme… plante d’intérieur ! Et de nombreuses pépinières françaises la commercialisent.
Enfin heureusement qu’elle existe sinon de quoi se nourriraient les Schtroumpfs ?

Alors, ne boudons pas notre plaisir et accueillons la salsepareille, à nulle autre pareille !

N.B. : n’oubliez pas qu’une directive européenne interdit toute éradication d’espèce, donc, PARCE QUE LA PLANETE NOUS EST PRETEE PAR NOS ENFANTS, préservons la biodiversité et… gardons la salsepareille !

Renée B.

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