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Les Dasylirions, de l’exotisme au jardin

mardi 4 janvier 2011, par Annie

L’hiver est bien installé. Les massifs fleuris de l’automne ne sont plus qu’un lointain souvenir : les sauges leucantha, elegans, involucrata Bethelli, haenkei ont été ratatinées par le gel. La sauge guaranatica, bien abritée, a mieux résisté. Les sauges microphylla ont perdu leurs fleurs, sauf S. microphylla neurepia qui s’obstine à produire quelques fleurs rouges...

Heureusement qu’on a les belles fleurs des Iris d’Alger pour égayer le jardin !

C’est en hiver qu’on réalise qu’il est important d’avoir dans nos massifs des plantes au feuillage persistant qui vont structurer le jardin et donner du volume, surtout en l’absence de floraison.
Dans notre région, on peut même se permettre des touches d’exotisme en choisissant des plantes résistantes au froid et à la sècheresse comme, par exemple, les Dasylirions.

De la famille des Agavacées, les Dasylirions sont originaires du Mexique. Ce sont de robustes plantes dont le tronc est dissimulé par une boule dense de feuilles longues et étroites, dentées ou pas, élégamment retombantes, terminées par une partie sèche tantôt légèrement pointue, tantôt étalée en pinceau. Ils n’ont pas la dangerosité des Yuccas ou des Agaves dont les feuilles sont terminées par de redoutables épines. Il existe une douzaine d’espèces de Dasylirions.

Le plus connu est certainement Dasylirion acrotrichum, reconnaissable à ses plumets en bout de feuilles. Les feuilles vertes portées par un tronc présentent des petites dents en forme de crochets.
En début d’été, on peut éliminer les plus anciennes feuilles jaunies pour dégager le tronc qui se forme au fur et à mesure de la croissance. Pour cette opération, il est néanmoins conseillé de porter des gants à longue manchette sinon les petites dents occasionnent de délicates griffures sur les avant-bras !

Autre espèce intéressante, Dasylirion longissimum présente de longues feuilles vert foncé, fines et souples, dépourvues de crochets, semblables à des feuilles de jonc, terminées par une pointe non épineuse. Leur arrangement régulier et géométrique en boule autour du bourgeon central confère à ce Dasylirion un graphisme très ornemental.
Je le cultive en pot, jamais abrité. Mais il serait mieux en pleine terre où sa croissance serait plus rapide.

Ces Dasylirions sont des plantes faciles à cultiver. Il est important de leur choisir un emplacement bien ensoleillé et un sol bien drainé pour éviter toute rétention d’eau en hiver car ils supportent mieux la sécheresse que l’excès d’eau. Leur rusticité est conditionné par le bon drainage du sol : ils tolèrent des températures de -12°C en sol bien drainé. Leur croissance est plutôt lente, surtout lorsque les plantes sont jeunes. Un arrosage en été permet une croissance plus rapide.

J’ai aussi au jardin Dasylirion cedrosanum Zacatecas, au feuillage grisé, issus de semis de Pierre, grand spécialiste des agaves, yuccas et cactées. Ses feuilles ressemblent à celles de D. acrotrichum mais leur extrémité est sèche et fibreuse, sans le plumet caractéristique. Les vieux spécimens peuvent former un tronc court et trapu. La rusticité est bonne (-12°C) (*).

Egalement, tout jeune et encore en test, Dasylirion leiophyllum, issu d’un semis d’Yvonne, qui ressemble lui aussi à Dasylirion acrotrichum, mais sans pinceau à l’extrémité des feuilles et dont, à l’inverse des autres, les crochets qui garnissent les bords des feuilles sont recourbés vers la base, ce qui est un caractère distinctif de cette espèce. Sa rusticité est excellente (-17° à -20° C) (*).

Ces deux dernières espèces sont plus difficiles à trouver en pépinière.

Voici les extrémités des feuilles de 3 espèces :

D. acrotrichum
D. longissimum
D. cedrosanum Zacatecas

La floraison des Dasylirions intervient sur les plantes âgées : c’est un grand panicule qui atteint 2 à 3 m de haut, couvert de nombreuses petites fleurs verdâtres. Comme l’espèce est dioïque, il faut avoir des plantes mâle et femelle cultivées à proximité pour obtenir des graines.
Il faut noter que les dasylirions ne meurent pas après la floraison, à l’inverse des agaves.

Ensuite, on peut se lancer dans les semis, comme Pierre ou Yvonne. Mais il faut de nombreuses années pour avoir des plantes adultes... néanmoins, la patience du jardinier est légendaire...

Annie

(*) Les chiffres de la rusticité sont issus de l’ouvrage « La connaissance des plantes exotiques pour les jardins tempérés et méditerranéens » de Pierre-Olivier Albano, éditions Edisud.
Par chance, les températures ne sont jamais descendues aussi bas depuis que je cultive des Dasylirions.

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