Deux fragrances en hiver ...

Le premier arbuste se fait à peine remarquer tant il l’air souffreteux avec ses quelques feuilles chétives. Par contre, il est couvert de petites fleurs blanches, très nombreuses, disposées par paires. C’est au gré des courants du vent qu’il nous interpelle par son parfum d’une très grande finesse. Il n’est pas besoin de l’approcher pour capter cette fragrance car il embaume jusqu’à cinq mètres à la ronde, sans mentir, ou alors on se laisse conduire jusqu’à lui. Un régal pour les nez fins.

Vous avez sans doute deviné « Lonicera fragrantissima » ou encore chèvrefeuille d’hiver odorant.

Pour l’histoire, il nous vient de Chine. Il appartient à la famille des caprifoliacées, tout comme les autres chèvrefeuilles d’où son nom. Il n’est pas grimpant. Arbuste, au port retombant, il s’épanouit aux environs de trois mètres et après la floraison qui dure trois mois de janvier à mars, il donne de belles feuilles ovales d’un beau vert sombre.

Je vous le recommande pour votre jardin, car il n’est pas exigeant, ni pour le sol, ni pour l’exposition, donnez-lui un peu d’eau au plus chaud de l’été, car il se plaît aussi au nord de la Loire. Il supporte le grand froid.

Cette année, est-ce le froid ou le temps pluvieux de cet hiver qui lui ont été favorables, mais sa floraison est particulièrement généreuse.

Le second arbuste n’aurait vraiment aucune allure, tout nu, sans feuilles, si par malice il ne sortait ses fleurs en ce moment. D’abord des boutons roses vif, puis des fleurs roses pâle qui deviennent blanchâtres par la suite. Elles sont posées là au bout des branches ou branchettes, en panicules d’ombelles, comme pour faire joli et attirer notre œil. Mais c’est surtout nos papilles olfactives qu’il émoustille avec ses petites trompettes exhalant un parfum de miel, sucré, un peu lourd.

Si vous ne le connaissez pas il fait partie de la grande famille des viornes, originaire du monde entier. Viburnum bodnantense « Dawn » est son nom. C’est à Bodnant, au Pays de Galles, en 1935, que des obtenteurs ont croisé Viburnum grandiflorum et Viburnum farreri. Le résultat est remarquable.

Après la floraison, il émet enfin ses feuilles d’un beau vert sombre, luisantes, aux nervures bien marquées, qui à l’automne passent d’un ton rouge à pourpre d’un bel effet, puis tombent. Il peut atteindre trois mètres de haut. Il supporte le grand froid, le soleil aussi bien que l’ombre ou la mi-ombre. Il est heureux d’avoir quelques gouttes d’eau en plein été. Quant au sol, il se contente de peu. Je vous le recommande aussi.

J’ai planté ces deux arbustes à fleurs hivernales, il y a une quinzaine d’années dans mon jardin et j’avoue qu’ils me ravissent chaque année par leur générosité, alors que tout est tristounet dans les jardins en plein hiver.

Le Buddleia officinalis et le joli Daphné, sont aussi deux arbustes à fleurs d’hiver parfumées. Et puis Clématis armandii nous prépare, cette année, une floraison exceptionnelle, car elle gonfle chaque jour ses boutons, très nombreux, que je guette avec patience…

Elisabeth.