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Visite du Jardin des Plantes de Montpellier

jeudi 13 décembre 2012, par Annie

Samedi 24 novembre 2012, une vingtaine de membres d’Hortus ont participé à la visite du Jardin des Plantes de Montpellier sous la conduite d’Emmanuel Spicq, chef de culture, qui nous a proposé une visite générale du jardin, y compris des parties habituellement non accessibles au public.
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Un peu d’histoire
Le Jardin des Plantes de Montpellier est le plus ancien des jardins royaux de France qui subsiste. C’est un jardin dont la triple vocation botanique, historique et universitaire en fait un lieu singulier et cher au coeur des montpelliérains.
Créé en 1593 par édit royal, Henri IV en a confié l’élaboration à Pierre Richer de Belleval, botaniste et professeur à la Faculté de Médecine de Montpellier. Ce jardin devait servir à la culture et à l’enseignement des plantes médicinales à l’usage des étudiants en médecine. Son modèle fut l’Orto Botanico de Padoue (1545).

Pour cultiver ses plantes médicinales, Richer de Belleval a créé la Montagne, cœur historique du jardin. La Montagne de Richer est un tertre artificiel, avec une face exposée au sud et l’autre au nord, et un assortiment de divers sols (sableux, rocailleux, acide, riche...) permettant de s’adapter aux exigences des plantes qui étaient disposées en longues plates-bandes surélevées.
Malheureusement, en 1632, Louis XIII assiège Montpellier, place-forte protestante, et le Jardin des Plantes est ravagé. A la fin du siège, Pierre Richer de Belleval a l’autorisation royale de tout recommencer sur ses propres deniers ! Un deuxième jardin est aménagé et agrandi.

Plusieurs botanistes célèbres se sont succédés à la tête du Jardin des Plantes, dont Pierre Magnol, en 1697 à qui a été dédié le genre Magnolia.
Durant le 1er empire, le Jardin des Plantes s’enrichit de nouvelles espèces, avec les apports de de Candolle, passionné d’acclimatation des plantes.
Au second empire, le Jardin s’agrandit encore et de nombreuses plantes ornementales venues du Japon, de Chine et de Corée, sont introduites. Un jardin anglais est aménagé, avec le bassin aux lotus et la Serre Martins.

Promenade au Jardin
Aujourd’hui, le Jardin des Plantes occupe 4,5 ha au cœur de la ville de Montpellier. Site protégé, c’est à la fois un jardin scientifique et un jardin ouvert au public. Il appartient à l’Université Montpellier 1 (UM1).

Depuis sa création, le Jardin des Plantes a connu des périodes fastes mais, également, de nombreuses vicissitudes et certaines parties sont actuellement fermées au public pour des raisons de sécurité.
En outre, de nombreux problèmes se posent aujourd’hui, liés à l’épuisement du sol et à la présence de phytophtora et d’armillaire, champignons pathogènes du sol, qui infestent les racines et qui sont préjudiciables à la santé des plantes et des arbres centenaires du jardin.

Quelques panneaux informatifs permettent de se repérer. Toutes les plantes sont étiquetées. C’est Didier Morisot, que les membres d’Hortus connaissent pour ses conférences et sorties botaniques, qui est chargé de l’inventaire des plantes du jardin.

A l’ombre du micocoulier

A l’entrée du jardin, côté boulevard Henri IV, s’élève un imposant micocoulier, Celtis australis, planté en 1804. Traditionnellement, les branches de cet arbre méditerranéen sont utilisées pour faire des fourches, spécialité de Sauve dans le Gard, et des manches de fouets, spécialité de Sorède dans les Pyrénées-Orientales.
Protégés par le mur de clôture, on trouve des spécimens remarquables de Cycas revoluta, Dasylirion sp, Yucca filifera, Macrozamia moorei, Cycas panzhihuaensis, qui proviennent de la Serre Martins. Suite aux travaux de reconstruction de cette serre, ils ont été plantés en pleine terre et ne paraissent pas avoir trop souffert de ce déménagement.

Jardin à la française
Au fond la Montagne de Richer

Face à l’entrée, en contrebas, un petit « jardin à la française » abrite des palmiers de collection, Trithrinax campestris et Butia yatay, plantés à l’intérieur de carrés bordés de haies basses de myrte tarentine, Myrtus communis ssp tarentina. De nombreux palmiers du jardin ont été décimés par les ravageurs du palmier. Actuellement, le champignon Beauveria est utilisé en lutte biologique contre ces ravageurs : les palmiers sont traités 3 fois en été par une entreprise spécialisée.
A côté, on remarque un grand frêne à fleurs, Fraxinus ornus.

Le filaire au tronc tortueux

Les plantes médicinales ont disparu depuis longtemps de La Montagne de Richer. Pour redonner de l’intérêt à ce lieu historique, 40 espèces de cistes, fournis par la Pépinière Filippi, ont été plantés récemment dans sa partie haute ainsi que des phlomis dans sa partie basse.
Au sommet, un vénérable filaire à larges feuilles, Phillyrea latifolia, au tronc tortueux creusé de cavités est certainement le plus vieux de France ; il a été planté en 1620.

La grande allée de cyprès, récente, date de 1960. Elle présente maintenant l’inconvénient de faire de l’ombre à la Montagne de Richer.

A côté de l’Orangerie de la Gardette, s’élève le fameux Ginkgo biloba greffé ou arbre aux quarante écus. Originaire de Chine, le ginkgo est un véritable fossile vivant qui existait au jurassique, à l’époque des dinosaures, et qui a survécu à de nombreux cataclysmes climatiques. C’est un arbre mythique aux feuilles caractéristiques, très vénéré en Asie.

Le Ginkgo biloba
feuilles de ginkgo posées sur le petit bassin
semences de ginkgo


Le ginkgo du Jardin des Plantes a été planté par Gouan en 1795 et provient du Jardin botanique de Kew, en Grande-Bretagne. Mais cet arbre mâle était stérile. En 1830, une branche femelle, provenant du Jardin Botanique de Genève, a été greffée sur cet arbre mâle, lui permettant de devenir autofertile et de produire des semences. Aujourd’hui, ce sont les branches basses de l’arbre qui sont femelles et qui portent les semences ou ovules.

Peumus boldus

Contre les murs de l’Orangerie, une grimpante, Holboellia latifolia, et quelques arbustes : le boldo, Peumus boldus, dont les feuilles aromatiques rentrent dans la composition de produits aidant à la digestion (comme la fameuse boldoflorine), une érythrine en arbre et une érythrine herbacée.

L’Ecole de Candolle

Devant l’Orangerie, se trouve l’École systématique ou École de Candolle avec de longues plates-bandes où des plantes méditerranéennes, médicinales et potagères sont cultivées en carré.
Au centre, un beau spécimen d’Anagyris foetida, arbuste méditerranéen de la famille des légumineuses, est déjà en bouton.

Anagyris foetida en bouton


Les étudiants viennent encore y étudier les plantes et leurs familles.
Toute cette zone est provisoirement fermée au public et fera partie du deuxième volet de la rénovation du Jardin des Plantes.

Quelques plantes remarquables sur notre parcours :
Sur le mur à côté de l’Orangerie, une grimpante, Mucuna sempervirens, de la famille des légumineuses, commence à envahir les cyprès.
A l’entrée côté Faubourg Saint-Jaumes, la glycine au tronc énorme a été plantée par de Candolle, en 1804.
A l’extrémité de la Montagne de Richer, l’arbre de Judée, Cercis siliquastrum, a été planté par Richer de Belleval, en 1600. A noter : l’arbre de Judée est le seul arbre de zone tempérée qui fleurit sur le tronc.
A côté, un groupe de grands chênes-verts, Quercus ilex, âgés de 300 ans. A noter : le chêne-vert est un marqueur de la végétation méditerranéenne.

Nous arrivons au jardin anglais, jardin paysager créé par Martins en 1860 avec, au centre, le bassin aux lotus.

Magnolia grandiflora et la Serre Martins

Plus loin, la grande Serre Martins vient tout juste d’être reconstruite et n’est pas encore ouverte au public. C’est une serre en acier galvanisé, adossée à un grand mur.
Elle retrouve ainsi l’aspect qu’elle avait à sa construction, en 1860. Des panneaux photovoltaïques ont été installés en partie haute. La serre est chauffée par pompe à chaleur.

Les cactées et succulentes y sont cultivées par secteurs géographiques, de Madagascar jusqu’aux Amériques.
Le substrat employé est composé de 30 % de sable, 30 % de pouzzolane et 30 % de terreau de feuilles.

L’Ecole Forestière, située à proximité de l’Institut de Botanique, a été créée en 1810 par de Candolle. On y rencontre de belles essences de la flore exotique tempérée parmi lesquelles :

  • L’arbre à savon, Sapindus mukorossi, originaire d’Asie, dont les noyaux des fruits, riches en saponine, sont utilisés en alternative aux lessives classiques
  • L’Oranger des Osages, Maclura pomifera, planté en 1830, originaire du sud-est des Etats-Unis. Son nom commun vient de la tribu indienne des Osages, qui utilisaient le latex contenu dans les fruits pour se peindre le visage et le bois des branches pour faire des arcs. Cet arbre a le tronc couché et on observe des réitérations.
  • Le Chêne du Mont Thabor, Quercus ithaburensis, du bassin méditerranéen oriental.
  • Le Pacanier, Carya illinoiensis, cultivé dans l’est des Etats-Unis pour son fruit, la noix de pécan. Il avait été introduit au jardin dans l’espoir de créer une filière de production mais il ne fructifie pas.
  • Le Chêne à feuille de châtaignier, Quercus castaneifolia, originaire du Caucase.
  • Le Zelkova du Japon, Zelkova serrata.
  • Le Liquidambar orientalis, originaire du Moyen–orient. Il est bien adapté à la région. Pourtant c’est une autre espèce qui est souvent plantée et pousse avec difficulté…
Sapindus mukorossi
Quercus castanaefolia
Zelkova serrata
Liquidambar orientalis

Notes

[1Photographies par Monique, Jean-René et Hubert

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