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Le jardin de la Mediterranean Garden Society à Sparoza (Athènes)

Notes sur la conférence de François Travert, le 21 novembre 2009

samedi 30 janvier 2010, par Marie-Claude

1- Prendre de la hauteur

Une petite plaine à l’est d’Athènes, la Mésogée (« au milieu des terres »). Un oasis sec menacé ? Platon a décrit en son temps un paysage grec qui semble avoir peu changé jusqu’à la fin du XXe siècle. Paysage un peu nu, décharné, autour d’Athènes ; mais, autoroutes et aéroport ont bouleversé la Mésogée à l’occasion des Jeux Olympiques de 2004, amenant des constructions aléatoires. Autrefois paysage agricole, terrains en lanières ; il reste des terrains incultes sur les collines (pâturage, chasse) ; on y voit des oliviers, de plus en plus de vignes, souvent des cultures irriguées.

Sparoza est un jardin orienté plein sud. 400 mm seulement de pluie par an, terre assez riche, profonde, rouge. Terrain en 2 parties : l’essentiel en partie haute, plus bas une petite parcelle avec le forage, à côté de la route. Nous voyons des images en automne 2008 : champs d’oliviers, urbanisation sauvage, pas de plan d’urbanisme. On arrache ici les vieux oliviers, on plante là des oliviers, jeunes ou vieux, qui viennent de Toscane !

2- Un jardin grec, ça existe ?

Y a-t-il une culture grecque du jardin ? Plutôt des jardins publics, pas de jardins privés. Le jardin de Sparoza, lui, se nourrit des paysages naturels et des paysages agricoles. Il n’y a pas en Grèce d’académie ou d’école du jardin ou du paysage. Mais les paysages naturels offrent de la biodiversité, beaucoup d’animaux, de plantes. Maintien du paysage : pâturage, feu (mais pas trop souvent !) Paysages agricoles. Arrosage, mais plus le forage est profond moins l’eau est douce. On nous montre la photo d’un jardin public : une pelouse abandonnée, un palmier desséché, une fontaine sans eau, très peu de respect de la part des usagers.

3- Gravir la colline et en faire le tour

Dans les années 60, construction à Sparoza d’une maison sur 1, 2 hectare de terrain tout en longueur constitué de plusieurs « lanières » de 8 m de large où pousse 1 rang d’oliviers, 1 rang de vignes ; pour arriver à 50 m de large il a fallu racheter à plus de vingt propriétaires. Au départ, pas d’arbres. Jardin commencé en 1964. En 40 ans, beaucoup de choses ont poussé, mais ça reste un jardin assez bas. Au départ, le jardin n’est pas fermé ; n’importe quel animal, n’importe quelle plante peut passer ou s’installer. Petit à petit le jardin va être encerclé par les constructions. On s’y promène facilement, on peut être au milieu de nulle part, on ne sait pas où ça commence. Vue du jardin, une des limites actuelles : un chemin ou un petit muret, très symbolique…

4- Les différents espaces

  • Entrée : • allées en gravier, yuccas, pistachiers, qui abritent des plantes d’ombres. • « Désert » • « Aire de battage », plate-forme sur la plaine, le seul endroit où on a une vue dégagée. Ptilostemons chamaepeuce.
  • Phrygana (« garrigue »)• Mélange d’arbustes plus ou moins locaux : lentisques, amandiers • Massif de cactus, aloès, opuntias, yuccas • Annuelles, bisannuelles • On apporte très peu de matériaux, on utilise ce qu’il y a sur place : ex. : graviers de marbre • On évite d’enrichir le sol, on évacue les fauches • Désherbage sélectif à la main.
  • Partie jardinée : terrasses près de la maison • C’est plus irrigué près de la maison, plus sec en bas.• Arrosage : autrefois par de petits canaux, puis au jet d’eau, plus tard utilisation d’un goutte à goutte automatique, mais de moins en moins car de moins en moins d’eau. 1 à 2 m3/semaine • Plantes de Grèce et des divers climats méditerranéens • Ce n’est pas un jardin botanique, c’est un jardin de plaisir • A l’ombre : des Nandica domestica, des Ruscus (3 espèces), des iris • Une terrasse très sèche avec : Euphorbia acanthothamnos, romarins, Ebenus cretica, Sarcopoterium spinosum • Arbres : grenadiers, Melia azedarach • Petites terrasses, très petites, pour le plaisir de jardiner • Un jardin où on travaille à la main ; juste deux machines, une débroussailleuse et un broyeur. • Compost : Toutes les plantes ligneuses sont broyées sauf les rosiers. Une partie est arrosée avec l’eau de la machine à laver
  • « Native garden » : pépinière expérimentale en terme de concurrence entre plantes indigènes.
  • Deux bassins, devenus bassins aux nymphéas et abreuvoirs pour abeilles.
  • Maquis en remontant la colline, avec des pins d’Alep et, proche de la maison, un grand eucalyptus. Cyprès, de deux sortes ; pistachiers lentisques (leur litière fait un excellent compost et un très bon abri pour les tortues). Grande diversité d’orchidées. Travail : juste désherbé, quelques plantations, arrosage des arbres et des plantes les deux premières années. Beaucoup de pertes avec la sécheresse en 2007, avec la neige en 2008. Animaux : abeilles, insectes

5- Quelques plantes Stars

Elles ont résisté … ou elles donnent du fil à retordre !

Chrysanthemum coronarium, (une vraie plaie à arracher mais très jolie), Asphodelus albus, Oxalis pes-carprae, Ebenus cretica, Sarcopoterium spinosum

Orchidées, Cyclamens (C. Graecum, à l’automne)

Les narcisses : après les floraisons, on tresse les feuilles pour les laisser sécher avant de les arracher. D’autres plantes • Anémones • Fritillaire • Gladiolus tristis, marron-blanc-ocre • Mandragora autumnalis, fleurs bleu-mauve • Melianthus major • Euphorbia dendroides • Hermodactylus tuberolus, assez discret

6- Les gens

Des bras plutôt que des machines et des outils. Toujours quelques stagiaires, venus de plusieurs pays, dont la France ; ils doivent rédiger un rapport de stage, une sorte de journal de bord avec des dessins. Financement du jardin ? Avec une partie des cotisations des adhérents de la MGS, et une petite pépinière sur place. Des volontaires bénévoles de la MGS en Grèce viennent aider la responsable du jardin, Sally Razelou, tous les jeudis. Visite réservée aux membres de la MGS et sur rendez-vous

Sur le net :
http://www.mediterraneangardensociety.org/gardens.html

Ouvrages cités :

Images de la Mésogée - automne 2008, François Travert, le Doryphore 2008

Ecologie antique, milieu et mode de vie dans le monde romain, Paolo Fedelli, Lausanne, In Folio 2005

Making a Garden on a Greek Hillside, Mary Jacqueline Tyrwhitt, Athènes, Denise Harvey Publisher & The Mediterranean Garden Society 1998

Contact :

François Travert
Architecte paysagiste -Agence architecture des paysages Inermis
franctra gmail.com
Tel : 0662193346
Lieu-dit Bétille 46120 Lacapelle Marival

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