Rencontre du samedi 20 février 2016 : la taille des arbustes ?

par Valérie Guillaud, formatrice, membre de l’association Les Arbusticulteurs

14h30, Espace Culturel du Devézou, à Montferrier sur Lez

Mais existe-t’il vraiment un savoir faire ?
A se demander parfois, quand on regarde autour de nous, trop souvent les espèces se ressemblent… trop souvent il faut les réduire ces taches vertes.

Faisons en sorte que ces arbustes remplissent leur fonction : du volume vert pour qu’ils restent dans l’espace qu’il leur est alloué et utilisons les machines pour les façonner dans une forme telle un mobilier que l’on place là, vite, pour qu’il reste dans un volume souhaité.

Haie ou bordure d’un espace public, d’un jardin privé, d’une résidence, d’un bord de route, de bord de piscine, de limite d’une propriété, cache misère, couverture et maintien de talus, volume sur un rond point, entrave pour interdire un passage, protection des arbres, volume pour empêcher les herbes folles , réponses à des appels d’offre de plantations, des buissons…
Voilà pourquoi ils sont utilisés.

Mais qui sont-ils réellement ? Qui les reconnait ? Qui les connait ?
 Pourquoi tant de maintien de volume dans une forme tantôt ronde, carrée, rectangulaire, en nuage, en plateau, bien souvent tachés, troués, perforés, collants, malades…
 Pourquoi avoir choisi des espèces différentes pour les banaliser ainsi, pour les cantonner à des taches vertes dans nos espaces verts.
 A quoi servent-ils ? Ce ne sont pas des arbres, ils ne produisent rien, ils ne nourrissent personne, ce sont des arbustes d’ornement.

Qu’est ce que l’ornement ?
Une couleur de feuillage, une fleur, un fruit, une forme, une odeur.
Pour qui ? Pour le propriétaire, pour l’usager certes, mais bien au delà sont les fonctions des arbustes, ils sont le refuge, le gite, le couvert, la protection pour tout un cortège d’espèces vivantes, du sol à plusieurs mètres de hauteur et à toutes les saisons.

Nos sols, nos abeilles, nos auxiliaires, nos oiseaux, nos rainettes … toute une vie sous nos buissons, dans nos arbustes, mais faut-il encore le vouloir et les laisser s’exprimer dans cette harmonie écosystémique, que le jardinier va accompagner.

L’art de la taille est l’accompagnement de l’arbuste pour qu’il remplisse toutes ses fonctions et pour le maintenir en bonne santé.
C’est un être vivant pérenne d’une grande valeur biologique et sociétale. Il permet d’adoucir les mœurs, d’harmoniser nos espaces paysagers au sein d’un espace public ou privé. Il est à lui tout seul un petit bout de nature vivante bien organisé.

Il en existe de nombreuses espèces et de nombreux cultivars afin que chacun puisse convenir au lieu dans lequel on le plante, à condition bien sûr de l’avoir planté au bon endroit en se l’imaginant adulte dès la plantation afin qu’il puisse s’exprimer tel qu’il est.

Connaitre ses caractéristiques, son volume, ses qualités esthétiques (forme, feuillage, fleurs, fruits), son cycle sur l’année, ses exigences climatiques (résistance au froid, au soleil, à l’ombre, à la sécheresse…), ses usages (défensif, toxicité, écologiques), ses exigences en matière de sol (pH, profonds, superficiels, irrigués, secs, aérés …) et bien sûr sa physiologie, pour mieux le guider.

La taille, un accompagnement, de l’observation de ce que nous montre le végétal et beaucoup d’anticipation, telle est la fonction du jardinier, bien loin d’un coupeur de bois.